Henry Cavill, Dua Lipa et John Cena dans Argylle
Universal

Le réalisateur d’Argylle dénonce la frilosité des gros studios qui ne misent que sur des marques établies.

Trois ans après The King's Man : Première Mission, Matthew Vaughn revient au cinéma avec Argylle, une nouvelle comédie d’espionnage à gros budget qui met en scène Henry Cavill, Bryce Dallas Howard, Sam Rockwell, John Cela ou encore Dua Lipa. Le film a été produit par Apple et Marv Studios, la société de Vaughn, et passe par les salles obscures avant d’arriver sur Apple TV+, sur le même modèle que Killers of the Flower Moon et Napoléon.

Argylle : Matthew Vaughn dynamite le cinéma d’espionnage [critique]

Le réalisateur de Kick-Ass et X-Men : Le commencement bénéficie d’une certaine liberté à Hollywood. Pourtant, dans le dernier numéro de Première, actuellement en kiosque, il n’est pas tendre avec les gros studios qui produisent de moins en moins de films originaux. Une frilosité qui pourrait les mener à leur propre perte, prophétise-t-il.

"C’est un moment intéressant pour le cinéma. Les grosses franchises ne marchent plus comme avant, alors qu’elles ont alimenté le système durant des années. Le premier réflexe de certains executives sera de déduire du succès de Barbie qu’il faut faire plus de films adaptés de jouets : attendez-vous à voir Mon petit poney, Les Bisounours et tutti quanti. Bon... Et d’autres vont se sentir perdus. Ces types n’ont pas développé de scénarios et de films originaux depuis si longtemps que je doute qu’ils sachent encore comment faire. Donc ils vont effectivement se tourner vers les réalisateurs et les scénaristes. Et pour une fois, ils vont les écouter. Mais ça ne se fera pas du jour au lendemain…"


 

2023 a en effet été marquée par la faillite des films de super-héros, ou d’autres grosses productions reposant sur des sagas autrefois lucratives (Indiana Jones 5, Fast X). Dans le même temps, Barbie et Oppenheimer ont dominé le box-office, laissant entrevoir un renouveau pour les oeuvres originales à Hollywood. Mais Matthew Vaughn craint qu’on ne tire pas les bonnes leçons du phénomène Barbenheimer.

"Peu de gens ont compris que le succès de Barbie et Oppenheimer n’était pas seulement lié à la qualité des films et de leurs réalisateurs : le marketing était incroyablement malin et beaucoup d’argent a été dépensé. J’ai ce débat régulièrement avec les studios : si je fais Harry Potter 10, Fast & Furious 32 ou Jurassic Park 41, ils vont aligner 100 millions de dollars pour la promotion. Et ça me rend fou, parce qu’on n’a pas besoin de mettre 100 millions ! Putain, tout le monde sait ce que c’est !

Par contre, il faudrait débourser 150 millions en promo sur un film original pour le faire émerger. Sauf qu’ils refusent, parce que ce n’est pas une marque établie... Mais ça pourrait en devenir une si vous dépensiez assez d’argent ! (…) J’espère que les studios finiront par le comprendre. Il en va de leur survie."

Matthew Vaughn espère justement pouvoir développer une nouvelle franchise autour de son dernier film, Argylle. Mais les prédictions du box-office ne sont pas bonnes…

Propos recueillis par François Léger

Dune 2 en couverture de Première
Warner/Première