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Frédéric Lopez a emmené la comédienne Sylvie Testud chez des nomades au Tchad pour l'émission Rendez-vous en terre inconnue diffusée ce soir à 20h45 sur France 2. Stupeur et tremblement pour cette artiste surdouée, dans ses films comme dans ses livres. En plus, elle est drôle ! Interview par Télé 7 jours.

Avez-vous hésité avant d’accepter l’invitation de Frédéric Lopez, en mars dernier ?J’ai dit oui tout de suite, mais après j’ai commencé à flipper. J’ai beaucoup de mal à appréhender l’imprévu, je cède vite à la panique et j’ai horreur de prendre l’avion : au décollage, je suis toujours terrorisée.Alors vous êtes-vous lancée dans cette aventure par défi ?Oui. Si le courage se calcule proportionnellement à la peur, je dois être très courageuse ! Curieuse de nature, j’avais envie d’aller à la rencontre de gens et de lieux nouveaux, et aussi de moi-même : comment allais-je réagir ?Dans l’avion, vous lancez que le Sahara est un lieu qui dit "dégage !" à l’homme…Oui, j’imaginais un milieu hostile, où le quotidien serait difficile et où la solitude et l’ennui pèseraient. Ça n’a pas été le cas. D’abord le désert est d’une beauté incroyable et on peut y vivre même par 40°C à l’ombre.Chez les Gorane, des nomades éleveurs de chameaux, les femmes préparent tous les repas. Et vous n’y avez pas échappé !Je suis déjà très nulle avec un livre de recettes dans une cuisine équipée. Alors là, quelle cata ! Impossible de piler le mil dans le mortier. Je n’ai pas dépassé cette étape. Mais Hadoum, le chef du clan, et son cousin, Barkaï, ne m’en ont pas tenu rigueur.Vous semblez bouleversée quand l’épouse de Barkaï, Kaltouma, enceinte de sept mois et déjà mère de trois enfants, vous raconte son mariage forcé, à 14 ans…Si je ne suis pas très militante, je reste vraiment attachée à la liberté de la femme. Mais de cette union, Kaltouma a tiré une force, car l’amour est né entre elle et son époux. La société patriarcale des Goranes est plus complexe qu’il n’y paraît. Les hommes doivent être à la hauteur pour protéger leur famille et subvenir à ses besoins.Comment avez-vous trouvé votre place ?C’est celle que je me suis octroyée. J’ai été à la fois le pote des hommes et la copine des femmes, en particulier de Kaltouma. Nous avons toutes deux un caractère affirmé et un regard décalé sur le monde.Trouvez-vous frustrant d’être obligée de passer par une interprète ?Oui. Un soir, je racontais une blague sur un cochon. La traductrice, qui venait de la ville, a longuement hésité à dire "cochon", car c’est un animal impur pour les musulmans. Mais craindre de choquer l’autre, c’est se mettre dans la posture "Je suis plus éduqué et plus tolérant que vous". Très prétentieux ! Finalement, l’interprète a prononcé le mot. Hadoum et les siens ont rigolé sans problème.Quel moment vous a particulièrement émue ?Voir Hadoum se préparer pour se rendre dans la bourgade, à une journée de chameau du campement. Il porte ses plus beaux vêtements, car, aux yeux des sédentaires, les nomades passent pour des ploucs. On aurait dit un petit garçon enfilant son costume du dimanche. Un moment de faiblesse pour ce chef toujours très sûr de lui.Vous versez quelques larmes au moment des adieux…Je me suis fait cueillir par l’émotion, j’ai eu honte, moi qui pleure difficilement. D’ailleurs c’est presque un problème dans mon métier.Qu’avez-vous rapporté de ce voyage ?Du sable du Sahara et plein de sensations !Interview Emmanuel Ducasse du magazine Télé 7 jours