Pedro Almodovar répond à Viggo Mortensen
ABACA

L’acteur des Crimes du futur a relancé la polémique sur la Palme d’Or de Cannes 1999, où David Cronenberg était président du jury.

Présent au Festival de Cannes pour Les Crimes du futur, qui était en compétition officielle, Viggo Mortensen est revenu sur une vieille rumeur selon laquelle Pedro Almodovar avait été "volé" en 1999 quand Rosetta des frères Dardenne avait reçu la Palme d’Or devant Tout sur ma mère. David Cronenberg était alors président du jury, et donc en première ligne. Acteur fétiche du réalisateur, Mortensen a déterré l’affaire, 23 ans après, pour prendre la défense de Cronenberg, égratignant au passage Almodovar… 

"Vous répétez sans cesse une chose et les gens commencent à y croire alors que c'est un mensonge total. J'adore Pedro, c'est un mec sympa, mais ce jury a été le plus rapide à voter pour une Palme d'or, pour ce film intitulé Rosetta. De façon unanime, ils ont tous les neuf voté pour ce film. Le président du jury ne compte que pour un vote, et tous ont choisi ce film. Alors comment Cronenberg aurait-il pu 'priver' Pedro de la Palme ? Cette histoire n'a pas de sens."

Cannes 1999 : Non, David Cronenberg n'a pas "volé" la Palme d'or à Pedro Almodovar

Les propos de Mortensen sont arrivés aux oreilles du cinéaste espagnol, qui n’a guère apprécié. Au point de publier une tribune dans Indiewire pour rétablir sa vérité. 

"Je ne crois pas que Viggo soit bien placé pour parler de cela. En plus, c’est un ami et ses mots m’ont choqué, mais je suppose qu’il défendait son réalisateur, David Cronenberg, au sujet d’une malédiction qui le poursuit depuis 1999 et donc je ne suis pas responsable", entame le réalisateur. Il affirme avec force n’avoir en aucun cas été déçu de ne pas recevoir la Palme d’Or, se contentant du Prix de la mise en scène. 

"J’étais la personne la plus heureuse au monde quand je suis monté sur scène (…) C’est vrai que j’ai déclaré dans El Pais que je n’avais jamais été aussi près de remporter la Palme avec Tout sur ma mère. Je faisais référence à la réaction enthousiaste des critiques et du public. (…) Je n’ai jamais critiqué la liste des vainqueurs. Je défie quiconque de prouver le contraire. Mais, au bout d’un moment, j’ai commencé à m’agacer de tout ce business parce que plusieurs membres du jury sont venus me voir à la soirée après la cérémonie en s’excusant que je n’ai pas reçu la Palme. Je ne savais pas quoi répondre, j’avais reçu le plus grand prix de ma carrière et je n’avais aucune raison de me plaindre". 

Almodovar explique ensuite qu’il connait parfaitement le fonction du Festival, dont il fut membre du jury en 1992 et président en 2017, et réaffirme que c’est la presse qui a entrevu cette rumeur, pas lui. "La presse française en particulier me décrit comme quelqu’un d’obsédé par la Palme d’Or. Ils ne savant pas à quel point ils ont tort. J’ai gagné plus de prix que je ne pouvais en rêver. Je suis un artiste comblé."

Mais le "c’est comme Trump" de Mortensen est visiblement ce qui énerve le plus Almodovar dans cette histoire. Il glisse au passage un tacle à l'acteur qui avait critiqué Titane de Julia Ducournau dans une autre interview : "Je refuse d’être comparé à un des personnages les plus atroces de la sphère publique actuelle. Quelqu’un devrait expliquer qui a dit quoi, car ce n’est pas moi et je me sens insulté. L’autre remarque de Viggo est aussi très déplaisante : ‘c’est une histoire qui n’a pas de sens et n’est pas à la hauteur d’un grand artiste comme Pedro’. (…) Il ne s’agit pas de savoir si Titane est pire que Crash ou si Tout sur ma mère est meilleur que Rosetta, mais de les célébrer tous (…) Ce genre de distractions nous éloignent de problèmes bien plus importants", conclut le metteur en scène. 

Alors, Pedro Almodovar était-il frustré en 1999 ? Voici sa réaction dans la foulée de la cérémonie de clôture au micro de Frédéric Lopez :