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François Damiens piège des quidams dans une extension cinéma délirante des sketches qui ont fait sa gloire. Le Citizen Kane de la caméra cachée?

On pourrait résumer Mon Ket comme ça : c’est l’histoire de Dany Versavel (François Damiens), un voyou qui s’évade de prison pour retrouver son fils de 15 ans dont il vient de perdre la garde. Ce papa fruste et violent a des problèmes de communication avec son gamin (son "ket", en argot bruxellois) et pas mal de temps perdu à rattraper. Suspense, action, émotion : le film est un update contemporain des Fugitifs, ou une variation belge sur La Poursuite impitoyable. On pourrait résumer Mon Ket comme ça, oui, mais ce serait faire l’impasse sur l’essentiel : à part Damiens et une poignée de seconds rôles, aucun des protagonistes ici ne sait qu’il joue dans un film. Ni les gardiens de prison, ni l’employé du parking dont François Damiens défonce une barrière de sécurité, ni le chirurgien esthétique chargé de lui refaire le portrait pour qu’il échappe aux forces de l’ordre, ni l’infirmière à qui il demande de l’aider à retirer les téléphones portables qu’il a dissimulés dans son anus. Le roi de la caméra "planqué" a donc décidé d’étendre son terrain de jeu aux dimensions d’une ville entière et d’un long métrage à la logistique qu’on imagine démentielle. Un peu comme si Marcel Béliveau se prenait pour Jerry Bruckheimer. Reste que, malgré sa volonté de "faire cinéma", Mon Ket n’est pas forcément plus drôle que la meil- leure des compils du comique belge. Mais pas moins non plus. Ce qui signifie – Damiens étant un génie de l’exercice – que Mon Ket est totalement hilarant.