Steven Spielberg / Jacques Dutronc
ABACA

"On a déjeuné ensemble plusieurs fois à Paris, et à Londres [...] J’ai appris mon texte, j’ai essayé...", écrit le chanteur à propos de la préparation des Aventuriers de l'Arche perdue.

À 80 ans, Jacques Dutronc a publié ses mémoires Et moi, et moi, et moi aux éditions le Cherche Midi au début du mois de novembre 2023. Dans son récit, l'artiste aux multi-casquettes se penche sur son impressionnante carrière, constituée d'opportunités artistiques uniques. Initialement musicien, cette légende des années yéyé a épousé les propositions artistiques en pensant, dans un premier temps, à faire rigoler ses copains. Il a poussé la chansonnette comme personne, mais il a aussi embrassé une brillante carrière d'acteur.

"Gentleman chanteur", certes, mais aussi acteur.

L'aventurier a dédié plusieurs chapitres de ses mémoires à son parcours cinématographique, impliquant une rencontre surprenante, qui aurait pu jouer un rôle déterminant dans une carrière internationale. L'icone frenchie au charme des plus insolents était pressentie pour interpréter René Belloq, l'archéologue français et rival d'Indiana Jones dans Les Aventuriers de l'Arche perdu. De fait, Jacques Dutronc a eu l'occasion de rencontrer Steven Spielberg à plusieurs reprises :

"Au début des années 1980, Spielberg me voulait pour Les Aventuriers de l’arche perdue. Il m’avait vu dans L’important c’est d’aimer et Sale rêveur. Il était descendu au Plaza Athénée, où il faisait les castings, et où un nombre incalculable de comédiens se sont soudain inventé des rendez vous - au cas où ils y croiseraient le cinéaste. J’avais également été contacté pour m’y rendre : j’avais dû décliner. Il a insisté, il m’a appelé chez moi : "J’aimerais vous voir, seul." On a déjeuné ensemble plusieurs fois à Paris, et à Londres. Je ne peux pas répéter tout le bien qu’il a dit de moi. J’ai appris mon texte, j’ai essayé, mais mon anglais était trop mauvais. J’aurais ralenti le tournage. Je n’en ai aucun regret. Plus exactement, je ne suis pas assez accro à ce métier pour le regretter.

Steven Spielberg – Indiana Jones : "Jacques Dutronc était mon choix numéro un"
Lucasfilm/Abaca

C'est après avoir vu Sale rêveur (1978) et L'important c'est d'aimer (1975), avec qui il formait un couple dissonant avec Nadine, une actrice à la dérive qui se recycle malheureusement dans le porno, interprétée par Romy Schneider, que Steven Spielberg avait porté son dévolu sur les talents d'acteurs de Jacques Dutronc. Comme en témoigne l'anecdote, l'Opportuniste se détache de son étiquette et se révèle être un timide réaliste, bien conscient de ses lacunes.

Steven Spielberg, 35 ans au moment de réaliser le premier volet de la saga Indiana Jones, s'était penché sur les qualités d'interprète de Jacques Dutronc dans Première :

"Jacques Dutronc était mon choix numéro un. C’est pour moi le premier acteur au monde et je le tiens pour une véritable star (…) Il pourrait être une plus grande star internationale que Robert Redford, s’il voulait bien apprendre l’anglais.", avait déclaré le cinéaste

Cet as du petit et grand écran a pu, néanmoins, exposer l'étendue de ses talents de comédien dans Paradis pour tous (1982), mais surtout dans Van Gogh (1991) de Maurice Pialat, pour lequel il fut récompensé du César du meilleur acteur. 

Claude Lelouch en chansons- épisode 2 : Johnny Hallyday et Jacques Dutronc