John David Washington
HBO / Universal Pictures / Warner Bros.

"Dwayne Johnson m’a dit que, quoiqu’il arrive, je devais rester bien hydraté".

A l’occasion de la sortie de Tenet, où il tient le rôle principal du « Protagoniste », nous vous proposons notre portrait de John David Washington paru dans le magazine Première de juillet-août. PS : Les propos ont été recueillis avant la sortie du film de Christopher Nolan. 

 

Une série HBO sur le foot américain (Ballers) et un film de Spike Lee enragé (BlacKkKlansman). Il aura donc suffi de deux rôles à John David Washington pour décrocher son ticket pour la gloire et réussir à se faire un (double) prénom. Cet été, Tenet doit parachever la transformation : confirmer que ce type est très fort dans ses choix et très bon sur l’écran. En seulement trois étapes? Cette ascension éclair, JDW la doit d’abord à ses gènes. Fils aîné de Denzel Washington, il fait une apparition à 9 ans en écolier de Harlem dans Malcolm X. Mais sa vocation date d’avant : "Je devais avoir 4 ou 5 ans quand j’ai vu mon père jouer Richard III au festival Shakespeare in the Park. Ça m’a renversé..."

Ado, il dévore les films – dont ceux de son illustre géniteur : "Glory ! J’ai dû le voir des dizaines et des dizaines de fois. Je l’ai tellement regardé que je connais encore les dialogues par cœur." Pourtant, quelque chose bloque. Et au lycée, JDW refuse de suivre la voie du père : "J’ai hésité, mais à un moment, j’ai choisi le sport, le foot américain, l’un des domaines où mon père ne pouvait vraiment pas m’aider. (Rires.)" Un passage par l’équipe d’Atlanta, une montée pro en 2006 : son chemin semble tracé, mais avec le cinéma toujours en embuscade ("Je faisais des marathons de films, je regardais tout ! Séries, classiques... Ça me permettait d’échapper à la brutalité et à la cruauté du milieu sportif.") 

Quand John David Washington cachait l’identité de son père pour passer des castings

C’est une blessure au talon d’Achille qui va finalement l’obliger à changer de trajectoire et à opter définitivement pour Hollywood. Dix auditions plus tard, il décroche (enfin) le rôle de Ricky Jerret, un joueur de la NFL perché dans Ballers, face à Dwayne Johnson. Dans la foulée, Spike Lee lui propose d’interpréter Ron Stallworth, ce flic afro qui infiltre le Ku Klux Klan de Colorado Springs. Ovation cannoise, triomphe mondial... Sa silhouette massive, son allure souple et sa présence intense s’impriment partout. Certains en auraient profité pour reprendre leur souffle, pas lui : "Mon agent m’appelle un jour pour me dire que Chris Nolan veut me voir ! Chris NOLAN ! Impossible de dire non ! Pour notre génération, c’est une créature mythologique : il fait un chef-d’œuvre, puis il disparaît. Un mystérieux trailer tombe sur le net quelques années plus tard, et c’est un nouveau chef-d’œuvre. Lui est déjà parti ailleurs. Ce type est un génie. Il appartient à mon panthéon, à côté de Michael Jordan." Pendant ce premier rendez-vous, il est question de tout... sauf de Tenet. "Chris m’a parlé de films, de livres... Des trucs très pointus, d’autres très grand public. Il m’a aussi dit qu’il aimait beaucoup Ballers. C’était sympa. Un peu comme un premier rendez-vous. J’avais l’impression qu’il voulait juste me connaître. En sortant, il m’a dit : 'À très vite.' Et voilà. J’étais persuadé que ce serait ma seule rencontre avec Nolan."

Christopher Nolan : "Tenet synthétise tout ce qui m’obsède depuis des années"

Raté : quelques jours plus tard, le cinéaste anglais lui tend le script de Tenet. "Il m’a amené dans une partie de son bureau que je n’avais pas vue la première fois. J’ai lu le scénario d’une traite. En cinq heures. Je n’arrêtais pas de revenir en arrière, de relire des passages tellement je trouvais ça génial. C’était fou. Je lisais le nouveau film du cinéaste d’Inception et j’avais la tête explosée !" Quand on lui demande ce que Spike Lee et Chris Nolan sont venus chercher chez lui, il rigole avant d’esquiver : "Demandez-leur, je ne peux pas parler à leur place !" Pour Lee, c’est cette capacité à passer par tous les registres. Pour Nolan, ce mélange de physicalité et d’authenticité ("Il provoque l’empathie."), son aspect très moderne aussi. Et cette extrême coolitude. Au téléphone, c’est surtout cela qui frappe. Même quand on évoque le stress qui monte à quelques semaines de la sortie du blockbuster le plus attendu de l’année, JDW reste zen : "Le sport de haut niveau m’a été très utile. Et puis c’est difficile de stresser quand on est entouré des meilleurs guides, Dwayne Johnson, Spike Lee, Chris Nolan..." Le meilleur conseil que ces mentors lui aient donné ? "Dwayne m’a dit un jour que, quoiqu’il arrive, je devais rester bien hydraté !"