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Depuis quelques heures L'interview qui tue est visible sur le net (et déjà piraté). Sony a finalement décidé de sortir le film qui a fait trembler Hollywood, mis à nu les moeurs d'un studio et d'une industrie et lancé un drôle de bras de fer entre la Corée du Nord et les US. Mais les premières reviews américaines sont tombées et le résultat n'est visiblement pas à la hauteur de l'attente (excessive) générée par les pressions et le contexte. Ni, de manière plus neutre, à la hauteur des autres films de Seth Rogen (Délire Express, SuperGrave ou C'est la fin). Les médias ne sont en effet pas vraiment tendres avec cette comédie, même s'ils prennent souvent le temps - les lignes voire les paragraphes - de rappeler que contrairement à la qualité du film, la liberté d'expression ne se discute pas.>>> Tout ce qu'il y a à savoir sur le piratage de SonyMais enfin... L’argument du film est connu : un présentateur TV (James Franco) et son producteur (Seth Rogen) partent en Corée interviewer Kim Jong-un avec pour vraie mission de l’assassiner. Une comédie donc, qui réactive le duo de Délire Express pour s'attaquer à un genre (la satire) qui les dépasse... L'ennui principal, celui que la plupart des critiques mettent en avant, c'est que le film n'est jamais drôle - le film récolte un petit 32% d'avis positif sur Rotten Tomatoes. La plupart des journalistes sont d'accord pour admettre que, avant d'être pertinent, il n'est même pas marrant. Todd McCarthy du Hollywood Reporter note ainsi que "L'interview qui tue a l'abattage comique d'un sketch médiocre du SNL". Entertainment Weekly assène un "la farce manque de finesse" définitif. Pire, Scott Foundas dans Variety parle d'"une attaque terroriste en règle... contre la comédie". Et Slate a une formule qui fait mouche : "regardez ce film pour combattre la tyrannie, pas pour vous marrer". En fait, si on en croit les principaux médias, rien ne semble fonctionner : le duo Seth Rogen/James Franco est à la peine (pour Slate), les blagues sur Katty Perry foireuses (Village Voice), l'humour sur les asiatiques un peu lourd (Slate encore) et les acteurs tout simplement nuls ("la performance outrageusement anti-spontanée de James Franco" est souvent attaquée, comme sur EW)Et sur le plan de la satire - en tant que rempart contre "la tyrannie" - c'est encore pire. C'est la critique du Time qui résume le mieux ce problème : "Rogen et Goldberg semblent nous dire : "c'est [cette outrance nonsensique] que [les tyrans] détestent chez nous. Mais vous, vous allez l'adorer". Peut-être aimerez-vous L'Interview qui tue - si vous pouvez voir le film - autant que certains le craignent ou le détestent. Mais si vous espérez une satire politique convaincante, vous serez les dindons de la farce". Alors ? Rien à sauver ? A part la première séquence et quelques outrances qu'on a pu voir sur Internet, visiblement pas grand chose. "Prétentieux" et "immature" sont les deux motrs qui reviennent le plus souvent dans les critiques. McCarthy résume bien les choses : "si vous faites un film aussi provocateur que The Interview, vous êtes forcément comptable des implications qui vont avec. Disons juste que le film est bourré d'action cheap, simpliste et naif et plus préoccupé d'avoir l'air cool que d'assumer les conséquences de son audace". Malgré tout, la conclusion générale des avis de la presse sur cet objet revient à Bette Midler qui, dans un tweet récent, synthétisait bien ce que pensait tout le monde sur ce film avant de l'avoir vu - et désormais après :