WARNER BROS. FRANCE / HAUT ET COURT / ARP SÉLECTION

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

THE DISASTER ARTIST ★★★☆☆
De James Franco

L’essentiel
James Franco s’offre le meilleur rôle de sa carrière en incarnant Tommy Wiseau, réalisateur du nanar culte The Room.

Avant toute chose, revenons un instant aux origines : en 2003, Tommy Wiseau sort The Room, nanar involontaire dont il est à la fois le réalisateur, le producteur, le scénariste et l’acteur principal. L’histoire, qui dévie la plupart du temps sans prévenir, suit le personnage de Johnny, dont la fiancée Lisa le trompe avec son meilleur ami Mark (Greg Sestero). Un film semi-autobiographique doté de moyens luxueux (on parle d’un budget de six millions de dollars, financé par le cinéaste) et sorti à l’époque dans une seule salle, à laquelle Wiseau a donné de l’argent pour rester à l’affiche deux semaines, afin d’être éligible aux Oscars.  
François Léger

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PREMIÈRE A ADORÉ

TESNOTA – UNE VIE À L’ÉTROIT ★★★★☆
De Kantemir Balagov

Au rayon des films russes exécutant la radiographie de leur pays par la lorgnette du fait divers, 2017 avait offert le très âpre Faute d'amour, 2018 sera l’année de Tesnota – Une vie à l’étroit. Fin des années 90, Caucase du Nord. Deux jeunes gens de confession juive sont kidnappés juste après leur mariage. Le paiement de la rançon occasionnera de multiples remous au sein de la communauté, reflets grossissants de l’état de l’État.     
Michaël Patin

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PREMIÈRE A AIMÉ

LA NUIT A DÉVORÉ LE MONDE ★★★☆☆
De Dominique Rocher

Un homme s’endort dans la chambre d’un appartement parisien où une fête bat son plein. À son réveil, tout n’est que silence, décombres et cadavres. Au dehors, quelques bruits, des silhouettes bizarres. Il semblerait bien que Sam soit le seul survivant d’une humanité réduite à l’état de zombies… Non, Dominique Rocher n’a pas signé le 28 jours plus tard français.
Christophe Narbonne

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LE SECRET DES MARROWBONE ★★★☆☆
De Sergio G. Sanchez

Lorsqu’il écrit L’Orphelinat, Sergio G. Sanchez ambitionne de le réaliser lui-même. Les producteurs le lui refusent. La suite est connue : Juan Antonio Bayona prend le relais avec succès et les deux hommes collaboreront à nouveau sur The Impossible. Le Secret des Marrowbone a ainsi ce léger parfum de revanche où le scénariste devenu cinéaste peut enfin accomplir sa vision. Celle-ci le place dans la lignée d’un Alejandro Amenabar période Les Autres ou d’un Guillermo del Toro époque L’Echine du diable. Le tout avec une petite touche British que ne renierait pas l’auteure de Jane Eyre.
Perrine Quennesson

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LE JOUR DE MON RETOUR ★★★☆☆
De James Marsh

James Marsh a le goût des personnalités « bigger than life ». Voilà 10 ans, Le funambule montrait le français Philippe Petit évoluant sur un fil entre les deux tours du World Trade Center. Plus près de nous, Une merveilleuse histoire du temps dressait le portrait de Stephen Hawking, devenu un scientifique majeur en dépit d’une sclérose qui l’affaiblit un peu plus chaque jour. Avec Le jour de mon retour, le Britannique met en lumière Donald Crowhurst. Un homme d’affaires anglais féru de voile qui, pour sauver son entreprise – et par ricochet sa famille - de la faillite, décida en 1968 d’entreprendre un tour du monde en solitaire en participant au Golden Globe Challenge. Au cœur de l’océan, son impréparation lui sera vite fatale. Mais son incapacité à assumer les conséquences d’un échec le poussera à suivre le précepte de L’homme qui tua Liberty Valance : faire imprimer la légende puisque celle-ci dépasse allègrement la réalité. Alors, certes, ce Jour de mon retour souffre d’une facture trop scolaire et d’une propension à surligner inutilement les choses. Mais cette histoire d’imposture pas comme les autres a pour elle sa modestie affirmée. Ce refus de l’épate qu’on retrouve dans l’interprétation remarquable de Colin Firth et qui donne naissance à un récit poignant sans jamais succomber au chantage émotionnel. Qu’est-ce qu’un héros ? Celui qui triomphe des obstacles ou celui qui échoue avec superbe ? En explorant les contradictions de Crowhurst sans jouer les procureurs ou les avocats, Marsh signe une réflexion pertinente sur des thèmes qui n’ont pas pris une ride en cinquante ans.
Thierry Cheze

LA CAMÉRA DE CLAIRE ★★★☆☆
De Hong Sang-soo

A peine deux mois après son dernier opus (Seule sur la plage la nuit), revoilà Hong Sang-Soo pour un film léger en forme de charmante parenthèse estivale. Mineur, diront les bougons - et ils auront raison - mais les amateurs du Rohmer sud-coréen trouveront leur compte dans ce délicieux chassé-croisé sentimental tourné à Cannes il y a deux ans. D’abord, parce que, comme souvent chez le cinéaste, on se fait surprendre par la trompeuse limpidité du récit. Ensuite parce qu’on y croise Isabelle Huppert, déjà passée chez « HSS » (In Another country), ici au milieu d’un trio d’acteurs coréens, dans le rôle d’une mystérieuse poétesse : munie d’un Polaroïd, la veuve en imperméable jaune semble faire dérailler les arcs narratifs des autres protagonistes. Un joli conte ludique aux accents magiques.
Éric Vernay

FÉMININ PLURIELLES ★★★☆☆
De Sébastien Bailly

Le premier long de Sébastien Bailly n’en est pas vraiment un puisqu’il regroupe trois de ses courts métrages : Douce, Où je mets ma pudeur et Une histoire de France, trois singuliers portraits de femmes modernes. Une aide-soignante s’éprend d’un homme dans le coma ; une étudiante en histoire de l’art doit enlever son hijab pour passer un oral ; une chargée de communication de Tulle fait visiter la ville à une photographe allemande missionnée pour shooter François Hollande. Bailly dépeint des battantes qui luttent contre le système de l’intérieur, quitte à en payer le prix fort. On oscille entre le furieusement étrange (l’héroïne nécrophile de Douce), le culturellement ambigu (Où je mets ma pudeur et son érotisme à double tranchant) et le joliment scolaire (la romance gay dans Une histoire de France).
Christophe Narbonne

L’ORDRE DES CHOSES ★★★☆☆
D’Andrea Segre

On reconnait un auteur à sa capacité de creuser le même sillon sans bégayer ni rester aveugle aux évolutions du monde qui l’entoure. Cette définition sied parfaitement à l’italien Andrea Segre découvert en 2010 avec La petite Venise, une délicate histoire d’amitié, entre un pêcheur slave et une immigrée illégale chinoise au cœur de la Cité des Doges. La question des migrants n’a dès lors jamais cessé de l’inspirer à travers des documentaires et des fictions comme cet Ordre des choses où l’on suit un policier italien envoyé en Lybie négocier le maintien des migrants sur le sol africain. Un représentant de ce fameux ordre que rien ne peut a priori faire dévier de sa tâche jusqu’à ce qu’il se prenne d’empathie pour une jeune Somalienne et réalise que ces hommes et ces femmes fuyant leur pays forment non un tout mais une multitude d’histoires individuelles forcément poignantes. Il n’est jamais simple pour le cinéma de s’emparer d’un sujet à ce point brûlant. Les délais de fabrication d’un film sont telles qu’il existera toujours un décalage et qu’à vouloir à tout prix le rétrécir, on se retrouve vite à enfoncer des portes ouvertes. L’ordre des choses échappe à cet écueil. Segre prend certes parti contre les méthodes de son pays. Mais en les racontant par le prisme de ce flic qu’il n’érige ni en méchant de service ni en héros soudain virginal, il embrasse la complexité des choses. Ce dilemme entre conscience et devoir à l’issue incertaine. Une remarquable réflexion sur la notion de résistance et ses limites. Humaines, terriblement humaines.
Thierry Cheze

LES ÉTOILES RESTANTES ★★★☆☆
De Loïc Paillard

Vous souvenez-vous de Dante Desarthe ? De ses films lunaires et fauchés (les derniers, Je me fais rare et Je fais feu de tout bois, étaient autoproduits) ? Il y a un peu de cet esprit-là dans ce premier long métrage à la fabrication et à la distribution “artisanales” (dixit le réalisateur) qui raconte les déboires existentiels d’Alexandre, trentenaire confronté à un deuil amoureux et à celui, probable, de son père mourant. Désinvolte, inconséquent, littéraire (trop), légèrement grave, haché, Les étoiles restantes séduit par son portrait d’une masculinité remise en question par un formidable personnage de fille libre –façon Bernadette Lafont des années 70-, en phase avec les préoccupations du moment. Pas un grand film mais un film qui reste en tête. C’est déjà beaucoup.
Christophe Narbonne

IL FIGLIO MANUEL ★★★☆☆
De Dario Albertini

Manuel (Andrea Lattanzi, remarquable) vient de fêter ses 18 ans. Le temps de la liberté et des rêves puisqu’il va pouvoir quitter le foyer pour jeunes où il vivait depuis l’incarcération de sa mère. Mais aussi celui de la responsabilité et du retour rapide à la réalité car, pour que celle- ci obtienne l’assignation à résidence, il doit prouver aux autorités qu’il peut veiller sur elle. Dario Albertini filme ce passage à marche forcée de l’adolescence à l’âge adulte avec une étonnante douceur enveloppante. En prolongeant son documentaire La repubblica dei Ragazzi consacré à une structure pour orphelins près de Rome sous forme de fiction, il signe ici un minutieux portrait de l’Italie des laissés-pour-compte à travers celles et ceux que Manuel va croiser sur sa route dans la périphérie de la cité romaine. Comme autant de boussoles pour ce saut dans le grand bain, sans véritable repère. On pense au cinéma des Dardenne pour la manière d’Albertini de nous propulser par sa réalisation et ses cadrages dans la peau de son héros mais aussi évidemment au cinéma néo-réaliste italien dont Albertini se révèle un héritier plus que convaincant. Avec une délicatesse de chaque instant qui empêche son propos de verser dans le misérabilisme facile.
Thierry Cheze

OUAGA GIRLS ★★★☆☆
De Theresa Traore Dahlberg

Girls Power ! A Ouagadougou au Burkina Faso des étudiantes apprennent le métier de mécanicienne automobile. Face au regard, parfois acerbe, de certains hommes, ces jeunes femmes, parfois mamans, ne se démontent pas. Du français à leur éducation sexuelle, elles passent leur vie aussi bien les mains sous le capot que sur les bancs de l’école, qu’elles considèrent parfois comme leur deuxième maison. Actrices de l’évolution de la société, elles incarnent un joli combat pour la diversité et l’égalité. Un documentaire aussi fort que touchant.
Alexandre Bernard

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

SIGNER ★★☆☆☆
De Nurith Avi

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la langue des signes n’est pas universelle. La réalisatrice tente difficilement de nous montrer et de nous faire comprendre les différences de dialectes, à travers les témoignages de personnes malentendantes, entendantes, et de chercheurs en langue des signes. Si le sujet est intéressant, il faut néanmoins s’accrocher pour comprendre la complexité et la diversité de ces langages.
Alexandre Bernard

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

EVA ★☆☆☆☆
De Benoît Jacquot

Depuis deux films, Benoît Jacquot se pique d’adapter les grands auteurs de polar américains. Après Don DeLillo pour À jamais, au tour de James Hadley Chase de subir son traitement particulier. Subir, c’est le mot. À force de viser l’épure, il dévitalise complètement ses personnages, silhouettes sans âme et aux intentions floues. Pourquoi ce jeune écrivain imposteur s’amourache-t-il de cette call-girl manipulatrice ? Rien dans le film, d’une raideur protestante, ne justifie une telle obsession, sinon le port de la cravache pour elle (fantasme un peu éculé) et une profonde culpabilité pour lui (qui lui ôterait tout sens commun). Le choix d’Isabelle Huppert, spécialiste ès soufre (une perruque brune et, hop, la voici en maîtresse-femme, vraiment ?), est en soi un aveu d’impuissance.
Christophe Narbonne

Et aussi
Hair de Mahmoud Ghaffari
Venus, Obscura de Christophe Karabache
Madame Mills, Une voisine si parfaite de Sophie Marceau
Atlal de Djamel Kerkar
Une part d’ombre de Samuel Tilman
De l’amour sous la haine de Patrick J. Exenat, Daouidar Saidali

Reprises
La dénonciation de Jacques Doniol-Valcroze
Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio