Totems
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Thriller haletant au cœur de la Guerre Froide, à la patine rétro chic, la nouvelle création française Prime Vidéo enrichit le catalogue à défaut de révolutionner le genre.

De l’univers du renseignement, le public amateur connaissait déjà les « légendes », grâce au Bureau des Légendes, évidemment. Le voilà désormais familiarisé avec les « Totems ». Autrement dit, les échanges avec des services étrangers qui donnent leur nom à cette série d’espionnage marquée du sceau de Prime Video.

Une fiction hexagonale ambitieuse coécrite par Juliette Soubrier (Les Bracelets rouges) et Olivier Dujols (qui connaît bien le sujet pour avoir occupé la salle d’écriture du Bureau des légendes). Sauf qu’il est ici question de l’ancêtre de la DGSE, tierce partie au milieu des blocs ennemis de l’Est et de l’Ouest, obnubilés par les possibles de la conquête spatiale qui pourraient servir leurs intérêts en pleine Guerre Froide.



C’est, ici, moins une approche clinique d’insider qu’un élan romanesque qui guide les auteurs. Des quidams aux vies tranquilles (un ingénieur en aérospatiale, une pianiste, une infirmière) se retrouvent manipulés de toute part pour servir des intérêts plus grands qu’eux. Les enjeux intimes régentent le récit, dans la plus pure tradition des thrillers élégants, innervés par une intrigue amoureuse, sous l’influence de Hitchcock (Les Enchaînés) avec la métronomie d’un le Carré. Procédant donc en terrain connu, Totems fait davantage figure d’exercice de style dont l’expression est encore plus flagrante à l’image (la reconstitution des décors, comme la réalisation, chic et révérencieuse). Tous les comédiens y excellent (Niels Schneider, Vera Kolesnikova, ex-BDL enfin au premier plan). Si elle ne s’écarte pas des sentiers balisés, la série fait montre d’un grand savoir-faire.