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Une invasion de la Norvège par la Russie, mandatée par l'UE, serait-ce possible aujourd'hui ?

La série Occupied, diffusée en Norvège en octobre dernier et qui débute ce soir sur Arte, n'a pas vraiment plu chez le voisin russe. Et pour cause, dans l'histoire de cette politique-fiction originale et fascinante, la Norvège élit un nouveau gouvernement écolo, qui décide d'arrêter la production de pétrole et de gaz en mer du Nord. Un vrai problème pour le reste de l'Europe, qui se fournit dans le pays scandinave. Alors la Russie, mandatée par l'Union européenne, envahit et occupe la Norvège, de manière "pacifique", pour l'obliger à changer sa politique.

Forcément, même s'il ne s'agit là que d'une fiction, la Russie n'a pas beaucoup apprécié cette histoire, qui lui donne le mauvais rôle. "Notre idée était nullement de provoquer les Russes", promet le showrunner/réalisateur Erik Skjoldbjaerg, interrogé par Le Point. Il n'empêche, Occupied donne à réfléchir. Toute cette histoire pourrait-elle arriver dans notre monde réel ?

"Cela nous semblait impossible (quand nous avons écrit la série) à l'époque !", répond Skjoldbjaerg dans cette interview. "Nous voulions simplement placer la Norvège dans une situation où elle se retrouve isolée par rapport au reste du monde, et observer sa réaction."

>>> Occupied : la série qui gêne la Russie

Dans son analyse, le showrunner explique ensuite que "l'idée de la Russie et de l'Union collaborant ne semble pas crédible. Mais (...) un nouveau gouvernement vert élu, qui veut stopper la production d'hydrocarbures pour des énergies renouvelables, cela peut très bien arriver dans un futur proche en Norvège avec les craintes sur le réchauffement climatique. Qui en serait la première victime ? L'Union européenne, pour qui la Norvège est le premier fournisseur de gaz naturel devant la Russie."

Et puis la guerre a éclaté en Ukraine, avec l'annexion de la Crimée. C'était en plein pendant le tournage de la série. Alors forcément, "c'était très étrange", avoue Skjoldbjaerg dans Le Point. "Quand j'allumais la télévision le soir, je retrouvais le même débat que dans la série que nous étions en train de tourner..."

Reste que le créateur d'Occupied dit quand même "comprendre" l'agacement des Russes. "Mais nous ne faisons pas de drame historique. Nous voulions voir ce qu'il est possible de faire à travers une fiction d'anticipation politique. Je n'ai pas l'impression qu'on a franchi la ligne rouge."