Toutes les critiques de Gypsy Caravan

Les critiques de Première

  1. Première
    par Perrin Jusseaume

    Caméra au poing et accompagnée de ses cadreurs, Jasmine Dellal parcourt le monde pour suivre des musiciens roms de cultures différentes. La tentation de verser dans le documentaire engagé est grande mais pourtant la réalisatrice préfère poser sa caméra sans intervenir. Jasmine Dellal pénètre dans l’intimité de cet univers rom et filme un concert aux musiques ensorcelantes L’ambitieuse promesse du film est tenue : transmettre la passion de ces personnes riches de leur musique.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Le voyage musical et humain de cinq groupes tziganes, au fil de leur tournée américaine et au travers de portraits sensibles, depuis l'Inde jusqu'à l'Espagne, en passant par la Roumanie et la Macédoine… Jasmine Dellal a écrit, réalisé et produit Gypsy Caravan, mi-concert mi-documentaire, délicieuse introduction aux mélodies du peuple rrom.
    - Exprimez-vous sur le forum Gypsy CaravanMarginalisés aux États-Unis comme ailleurs, les Rroms avaient inspiré à Jasmine Dellal un premier documentaire (American Gypsy : A stranger in everybody's land), primé dans plusieurs festivals. La New-Yorkaise d'origines juives polonaises et iraquiennes, élevée en Inde et en Angleterre, est attirée par ce peuple nomade et envoûtée par sa musique.
    Elle propose en 2001 à Albert Maysles, réalisateur et directeur de la photographie (Gimme Shelter, When we were kings), de suivre les musiciens de Gypsy Caravan, une tournée organisée aux États-Unis par le World Music Institute. Commence alors un tournage de plusieurs années, auquel participera également le cinéaste belge Alain de Halleux.
    Les images de ce dernier ouvrent le film dans le berceau du people Rrom, le désert du Rajasthan, baigné de couleurs de feu, tandis que s'accordent les musiciens pour la première date de leur tournée, à New-York. Cinq groupes composent la caravane gitane : les Indiens de Maharaja, les Roumains de Taraf de Haïdouks et de la Fanfare Ciocarlia, la chanteuse macédonienne Esma Redzepova et la troupe espagnole d'Antonio El Pipa.
    Plusieurs références viennent à l'esprit : Latcho Drom, de Tony Gatlif, d'abord, exploration musicale qui empruntait la même route, croisée elle aussi par le groupe Taraf de Haïdouks. Buena Vista Social Club de Wim Wenders, pour son ambition de faire découvrir une musique et une culture à un large public (100 000 personnes ont vu la Gipsy Caravan passer). The Last Waltz, pour sa manière de filmer la musique live, près des visages et cherchant les émotions (les concerts ont été filmés en pellicule et Jasmine Dellal a pris le film de Martin Scorsese comme modèle). Les films d'Emir Kusturica, enfin, pour le burlesque gitan qui surgit parfois, chez les musiciens ou dans le bus qui les réunit.Extraits des spectacles, coulisses de la tournée et portraits d'artistes vont s'alterner tout au long du film et des six semaines du périple américain de la joyeuse troupe. Le découpage, s'il apporte un peu de confusion dans la narration, s'avère fidèle à l'esprit de la Caravane, et le charme du film réside justement dans cette construction. Les groupes font connaissance, observent leurs différences et prennent conscience de leurs racines communes, une langue, des rythmes, des émotions, des souffrances qu'ils partagent. À mesure que les musiciens se découvrent et se lient d'amitié, leurs portraits révèlent au spectateur la culture de chacun, et des vies souvent marquées par de douloureuses épreuves. Filmées en DV, les images des paysages, des villages sont très belles, celles des personnages sont intimes et sensuelles.
    Comment ne pas tomber amoureux du jeune danseur indien Harish, l'un des deux hommes sur Terre à pratiquer la danse des genoux, d'Esma "la Reine des Gitans", trois fois nommée pour le Prix Nobel de la Paix et très fière des 47 enfants qu'elle a adoptés, d'Antonio et de sa tante Juana, dont la vie a éraillé la voix mais qui n'a rien perdu du "duende", la grâce magique du flamenco, ou de Nicolae, le bouleversant doyen de Taraf. Typiques sans être caricaturaux, les musiciens sont particulièrement attachants, souvent très drôles, et la caravane prend sur la fin des airs de colonie de vacances.
    La musique tzigane est un feu de l'âme que la mélancolie anime. La passion, l'émotion, la générosité des artistes sont filles de l'histoire des Rroms et de leur persécution. Jasmine Dellal fait merveilleusement passer ce message, qui est aussi un appel à la tolérance. "Oh, Jésus ! Délivre-nous des Tziganes"… Le message laissé par un client dans le livre d'or d'un hôtel, étape de la tournée, suggère qu'un tel voeu n'est pas inutile (contrairement à l'apparition de Johnny Depp dans le film).
    Gypsy Caravan est dédié à la Décennie de l'inclusion des Rroms 2005-2015, pour laquelle huit gouvernements, les Nations Unis, George Soros et la Banque Mondiale s'engagent dans le combat contre la pauvreté et la discrimination. Gyspsy Caravan
    Un film de Jasmine Dellal
    Avec Antonio el Pipa et son ensemble flamenco, Esma Redzepova et l'ensemble Teodosievski, la Fanfare Ciocarla, Maharaja et Taraf de Haïdouks
    Sortie en salles le 20 juin 2007

    [Illustrations : © Pretty Pictures]Bande-annonce