Toutes les critiques de Nos Voisins, Les Hommes

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Nos Voisins les hommes est l'adaptation de la bande dessinée Over the Hedge, illustrée par T. Lewis et scénarisée par Michael Fry et publiée sous forme de courtes séquences dans un quotidien en 1995. Produit par Dreamworks, ce film d'animation en reprend les deux personnages principaux, un raton laveur et une tortue, qui commentent les étranges activités des humains situés « de l'autre coté de la haie ».
    Par l'oeil incrédule des animaux, on découvre un quartier pavillonnaire de banlieue, très caricatural, qui s'est construit durant leur hibernation. C'est l'occasion de pointer du doigt nos multiples travers : surconsommation, en particulier de nourriture, production de déchets, développement du « tout sécuritaire »... pour une existence globalement absurde. Cette intrusion humaine est une catastrophe pour la famille multiforme de Verne la tortue, mais une chance pour Riton le raton laveur qui doit remplir le garde-manger d'un ours mal léché. Cherchant à exploiter la naïveté de ses camarades, il leur fait miroiter les charmes illusoires de notre société de consommation pour mieux les manipuler...et dévaliser un frigo.Si la satire est vite perceptible, on s'attache d'abord à un ensemble de petits personnages très réussis. Nos deux héros sont en effet accompagnés d'un petit écureuil hyperactif, Zamy, très drôle, d'un putois puant, d'un gros chat persan aristo, d'opossums qui récitent Shakespeare dans le texte et d'une famille de porcs-épics... ! A cette distribution efficace, il faut ajouter un doublage français, assuré par Laurent Gerra et l'increvable Clovis Cornillac, très convenable. Certes, l'humour n'est pas aussi percutant et décalé que celui de Shrek, des mêmes studios Dreamworks, mais le comique de situation est exploité avec intelligence et suffira au bonheur des plus jeunes. Il y aussi de bonnes idées surprenantes. Ainsi, la perception du temps de l'écureuil déjanté, lorsqu'il se dope, est traité comme un trip sous acide, au ralenti, et offre de nombreux gags inattendus. L'ensemble est donc percutant, sans temps mort, et bien soutenu par un bande-son dynamique.Derrière la haie, l'ennemi, l'homme, est curieusement négligé. Autant les bébêtes, leurs expressions et leurs mouvements, paraissent humains, autant ces derniers sont figés, moins bien finis et surtout déshumaniser par leur apparence froide de papier glacé. Ce défaut peut aussi passer pour un parti pris formel qui voudrait insister sur le manque d'aspérité qui caractérise une société sécuritaire. Obnubilée par son confort et son désir de protection, elle devient lisse, froide et les personnes qui la composent prennent, peu à peu, la même forme... Peu importe à la limite puisque l'homme n'est ici qu'un faire-valoir destiné à donner du relief aux animaux, ces héros.Comme souvent, ce divertissement offre deux niveaux de lecture. Le premier est destiné aux plus jeunes qui s'amuseront franchement des aventures de personnages attachants. Le second séduira les parents en soulignant les travers d'une société absurde. De la caractérisation subtile des « personnages animaux », en passant par ces deux niveaux de lecture, désormais classiques, ce divertissement mixe donc, avec succès, tous les ingrédients qui font la réussite d'un tel projet. C'est peut-être son plus gros défaut. Il se présente en effet comme un super produit de consommation. On sent que la démarche marketing sous-jacente a été menée avec un professionnalisme redoutable. Quant à son discours critique, il devient franchement ambigu quand la morale finale nous renvoie à des valeurs familiales, à la Disney, qui ne sont pas loin de prôner un certain repli sur soi...Enfin, on soulignera avec perfidie que, bien avant la sortie du film, on pouvait jouer en ligne avec la tortue et l'écureuil... que l'on retrouve aussi sur PS2, Xbox ou GameCube. Et pour l'exploitation merchandising de si mignonnes bestioles, on ne se fait pas trop de souci... Ainsi, dans le monde enchanté de Dreamworks, si on est lucide face à un certain état de notre société, on n'est pas stupide au point de ne pas l'exploiter.Nos Voisins les hommes
    Un film des studios Dreamworks
    Avec les voix de Laurent Gerra, Jenifer, et Clovis Cornillac (V.F.) ; de Bruce Willis et Avril lavigne (V.O.)
    Etats Unis, 2006 - 85 mn
    Sortie en salles (France) : 5 juillet 2006
    Sur Flu :
    - Chronique de Shrek 2 (DreamWorks, 2003)
    - Chronique de Wallace et Gromit (DreamWorks, 2003)
    - Chronique de Madagascar (DreamWorks, 2003)
    - Chronique de Le Monde de Narnia, chapitre 1 (Andrew Adamson, 2005)
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    - Le site officiel du film