Le Loup de Wall Street
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Le procès concerne aussi Martin Scorsese et Terence Winter pour Le Loup de Wall Street.

Depuis sa sortie, Le Loup de Wall Street est au cœur d’un scandale financier, une partie de son financement ayant été effectué grâce à de l’argent blanchi. Il fait également l’objet d’un procès tiré par les cheveux, le financier Andrew Greene, associé de Jordan Belfort dans les années 1990, ayant décidé de porter plainte contre l’équipe créative du film pour diffamation. En 2015, sa première demande a été rejetée, le juge considérant qu’il n’avait pas assez d’éléments pour construire son dossier solide. Et qu’il réclamait des choses insensées : 25 millions de dollars de dédommagement et l’arrêt de diffusion du long métrage, jugeant qu’il avait gravement nuit à sa réputation en montrant le personnage inspiré de lui-même, appelé Nicky Koskoff à l’écran et incarné par P. J. Byrne, "comme un criminel accro aux drogues qui prend part à des activités illégales et parfois malsaines". Il n’aimait pas non plus que les autres personnages du film ne cessent de se moquer de sa perruque.

Le loup de Wall Street : une plainte tirée par les cheveux

"Inspiré d'une histoire vraie"
Trois ans plus tard, la plainte est toujours en cours, Andrew Greene accusant précisément Paramount Pictures, Red Granite Pictures, Sikelia Productions et Appian Way Productions, et plus particulièrement le réalisateur du film, Martin Scorsese, sa star Leonardo DiCaprio, et le scénariste Terence Winter de "ne pas avoir assez fait de recherches" avant de le tourner. Il a étoffé son dossier, et ces derniers ont donc dû témoigner dans le cadre du procès afin de détailler leurs recherches préalables. Leurs dépositions sont aujourd'hui publiées par The Hollywood Reporter. Tous les trois sont formels : c’est tout d’abord l’autobiographie de Jordan Belfort qui a servi de base à ce projet "pensé comme une fiction", dont la narration devait retransmettre avant tout la grandiloquence de la vie de cet homme qui a amassé des millions de dollars en multipliant les arnaques boursières.

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"J’ai visité Wall Street, j’ai lu le livre et observé des New-Yorkais qui travaillaient dans ce business", a simplement expliqué DiCaprio. Scorsese, lui, insiste sur la perspective choisie pour raconter cette histoire : "On est partis du livre et on s’est demandé comment le retranscrire. On a pensé à cette voix-off, comme dans Les Affranchis par exemple, ou comme dans ce film incroyable de la fin des années 1940, Noblesse oblige, où la voix apporte beaucoup d’humour au concept. Car notre personnage principal n’agit pas correctement, alors il faut que sa voix le présente avec un certain point de vue. Cela créé une contradiction, de l’ironie, et montre comment il voulait compartimenter sa vie."

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Terence Winter ajoute ensuite qu’ils n’ont pas cherché à coller à la réalité à tout prix, que l’essentiel était de faire le portrait de l’exubérant Jordan Belfort, de la folie qui l’entourait. "Ces gens gravitaient vraiment autour de Jordan, mais si on avait besoin de réunir certaines de leurs caractéristiques en un seul personnage, c’était ok. Nous avons pu modifier des détails, changer leurs noms, mélanger leurs comportements." "Il a justifié dans sa déposition que relater précisément les faits n’était pas le but de l’équipe du film, récapitule le compte-rendu. L’objectif de la défense était de montrer toute cette folie à travers le point de vue de Jordan Belfort."

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Les limites de la fiction
Le fond du procès est intéressant, car les projets "inspirés d'une histoire vraie" sont légion à Hollywood. Souvent, les scénaristes sont obligés de "tricher" avec la réalité pour offrir le résumé de toute une vie en quelques heures. C'est ainsi que des personnages peuvent être simplifiés, réduits à l'essentiel, voire mélangés avec d'autres afin de faciliter la compréhension de l'histoire. C'était par exemple le cas sur celui de Dwayne Johnson dans No Pain No Gain, qui reprenait des caractéristiques de plusieurs personnes. Et donc de "Nicky Koskoff", anti-héros secondaire du Loup de Wall Street, qui a été écrit comme un "best of" (ou plutôt "worst of") des coéquipiers de Jordan Belfort. Dans lequel Andrew Greene s'est reconnu, mais rien ne dit qu'il gagnera pour autant.