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Cannes, J-61. Dans deux mois toute l'industrie du cinéma débarquera sur la Croisette, mais elle ne parle déjà que du festival. Jusqu'à l'annonce officielle de la compétition, le buzzomètre est à l'écoute.Ceux qui y sont déjàMoonrise Kingdom. Plus de doutes à avoir sur la présence de Wes Anderson, le cinéaste Dandy aura même le privilège d'ouvrir le bal : le festival à officiellement annoncé que son nouveau film fera l'ouverture de cette édition.Ceux qui y seront probablementUn gout de rouille et d'os. La sortie française du nouveau Jacques Audiard était initialement prévue pour le 24 octobre. Le 9 mars, UGC l'a avancée au jeudi 17 Mai. Autrement dit, pas un mercredi, et en pleine période cannoise. A moins d'un coup de bluff du distributeur, pas besoin d'être sorcier pour deviner quel film aura été présenté au Palais ce jour-là...Taux de présence potentielle : 99,1 %To Rome with love. Si c'est la première fois qu'un film de Woody Allen change aussi souvent de titre (ex-Bop Decameron, ex-Nero Fiddled), la projection cannoise de son nouveau film tient désormais du rituel immuable. D'autant plus que, refusant désormais d'être en compétition, le cinéaste ne risque plus grand choses. C'est à Cannes que Minuit à Paris, opus précédent et l'un des plus gros succès d'Allen, a connu sa première mondiale. To Rome with love pourrait du coup venir monter les marches et serait même accompagné de Woody Allen-A documentary, documentaire fleuve de 3h30 consacré au réalisateur.Taux de présence potentielle : 99,99%Vous n'avez encore rien vu. Mis en boîte fin avril 2011, la version d'Eurydice d'Anouilh par Alain Resnais était annoncée sur les écrans un an plus tard (fin avril donc), soit trop tôt pour aller sur la Croisette. StudioCanal laisse entendre depuis une semaine qu'un report de sortie en octobre est envisagé, laissant une fenêtre de tir à Thierry Frémaux pour récupérer le film. La question d'une présence en compétition est toutefois hypothétique : trop de candidats potentiels français cette année pour le nombre de places (4 au maximum). Verra-t-on Vous n'avez encore rien vu à un Certain regard ?Taux de présence potentielle : 99,999%Cosmopolis. Au dernier festival de Berlin, le vendeur du nouveau film de David Cronenberg, présentait un - incroyable- promo-reel du film. Et n'hésitait pas à annoncer une prétendue date (et même un horaire !!!) de passage en compétition. Ce n'était visiblement pas une intox :  Cosmopolis sort en France le mercredi 23 mai. Ce sera le premier film distribué par Stone Angels, la société de Pierre-Ange Le Pogam (ex-N°2 d'EuropaCorp), qui ne peut négliger l'effet médiatique de Cannes.Taux de présence potentielle : 99,2 %Sur la route. Après avoir fait faire un détour cannois à Gael Garcia Bernal et sa mobylette (Carnets de voyage avait été présenté en 2004), Walter Salles devrait revenir en voiture avec Sur la route. MK2, son producteur et distributeur a agité un panneau de signalisation en ce sens en datant le film au 16 mai.Taux de présence potentielle : 95%Amour. Michael Haneke a un rond de serviette au festival. Au point que ni Venise, ni Berlin n'ont osé inviter son nouveau film, prêt depuis la fin du printemps dernier. Qui plus est, comment Thierry Fremaux pourrait-il se priver de ce qui sera un des évènements de l'année cinéma : le retour de Jean-Louis Trintignant au cinéma.Taux de présence potentielle : 95%Laurence anyways. Après des passages très remarqués à la Quinzaine des réalisateurs (J’ai tué ma mère) et Un certain regard (Les amours imaginaires), on a du mal à imaginer que Xavier Dolan ne fasse pas une passe de trois en accédant à la compétition. Surtout quand Laurence anyways - Melvil Poupaud qui veut devenir une femme par amour pour un homme- possède le parfum de scandale auquel ne renonce jamais le festival.Taux de présence potentielle : 90%Killing Them Softly. Andrew Dominik ne peut plus passer sous le radar cannois depuis L'assassinat de Jesse James par le lache Robert Ford. Encore moins quand son polar (un homme de main qui enquête sur un braquage qui a eu lieu pendant un tournoi de poker monté par la mafia) a en tête de casting, Brad Pitt, qui à force de venir, ferait mieux d'acheter une propriété dans les environs, pour éviter les frais de baby-sitter de sa famille nombreuse.Taux de présence potentielle : 93%Mishima, a life in four chapters. Ignoré ou presque pendant une trentaine d'années, Koji Wakamatsu connaît un second souffle grâce aux sorties (et aux prix glanés ici et là) de United red army et Le soldat Dieu. Avec le biopic du sulfureux romancier, Cannes pourrait adouber le dernier grand cinéaste de la Nouvelle Vague japonaise en activité.Taux de présence potentielle : 90%The end. En 1997 Abbas Kiarostami partageait une palme d'or avec Shohei Immamura. Quinze ans plus tard, il est allé tourner The end au Japon. Faute d'Ashgar Farhadi, la nouvelle figure de proue du cinéma Iranien depuis Une séparation, Cannes pourrait se contenter d'un quatrième film en compétition pour le réalisateur du Gout de la cerise.Taux de présence potentielle : 85%Elefante Blanco. Lucrecia Martel et Adriano Cateano portés disparus, Pablo Trapero reste le seul membre de la génération de cinéaste qui a remis l'Argentine en lumière susceptible de figurer en compétition. Surtout s'il y revient -- après Leonera-  avec Ricardo Darin et Martina Gusman (vedettes de Carancho présenté à Un certain regard en 2010), stars latino. Le passage de Thierry Frémaux sur le tournage il y a quelques mois est un solide présage. D'autant plus qu'il semblerait que la production argentine de cette année soit d'un petit niveau.Taux de présence potentielle : 89%Le grand soir. Entre Gustave Kervern, Benoit Délépine et Thierry Frémaux, c'est un peu je t'aime moi non plus. Frémaux avait accueilli à bras ouverts Avida, en section officielle, mais hors compétition. Plus tard, fâchés d'avoir eu réponse tardive (et négative) sur Louise Michel, le duo de réalisateur avait directement envoyé Mammuth au festival de Berlin sans le montrer au délégué général de Cannes. Mais Frémaux avait enterré la hache de guerre en présentant en film-surprise son making of. Et si la réconciliation définitive avait lieu avec leur nouveau pamphlet ?Taux de présence potentielle : 92%Post Tenebras Lux. Pas loin du rond de serviette de Michael Haneke, il y a celui de Carlos Reygadas. Ses films ont assurés à Cannes le quota de chocs esthétiques et moraux, on ne voit pas pourquoi on s'en priverait cette année. Encore moins vu le programme annoncé par le titre (une phrase tirée du Livre de Job généralement traduite par : Après les ténèbres, la lumière).Taux de présence potentielle : 90%In the fog. Parmi les marottes de Thierry Frémaux, la volonté saine de construire un cheptel de nouveaux réalisateurs aux univers forts, dont il enfonce patiemment le clou. Puisque ni Paolo Sorrentino ni Brillante Mendoza n'auront de film prêt, Frémaux pourrait dégainer sa carte russe avec Sergei Loznitsa. Après My Joy, il vient de terminer In the fog, parcours de deux biélorusses qui souhaitent que la seconde guerre mondiale ait lieu.Taux de présence potentielle : 89%Holly Motors.  En 1999, la présentation de Pola X en compétition ne s'était pas très bien passée. Leos Carax ne reviendra à Cannes (et en grâce) que neuf ans plus tard, avec Merde, son sketch de Tokyo ! en ouverture d'Un certain regard. L'enfant terrible du cinéma français en a conservé l'esprit anar et loufoque pour Holly Motors, qui décroche déjà la palme du casting le plus insensé : Eva Mendes, Kylie Minogue, Michel Piccoli, Edith Scob entourent, entre autres, le fidèle Denis Lavant.Taux de présence potentielle : 88%The funeral. Sans surprise, The tree of life est reparti avec une palme accrochée à ses branches l'an dernier. A la même époque, Terrence Malick tournait déjà, en douce (et en partie à Paris), son film suivant, avec Ben Affleck, Jessica Chastain et Rachel Weisz. Ni le titre (The funeral est très provisoire), ni le pitch (un américain dont le mariage avec une européenne s'est effondré se reconstruit avec une femme de sa ville natale) ne sont garantis. Sa place en compétition, un petit peu plus.Taux de présence potentielle : 80%Dans la maison. S'il avait conservé son casting d'origine (Juliette Binoche en enseignante ayant une relation particulière avec ses élèves), le nouveau François Ozon aurait augmenté ses chances de monter les marches. Kristin-Scott Thomas, qui l'a remplacée, n'a pas la même valeur cannoise. Mais les échos d'une projection pré-berlinoise pour les distributeurs internationaux, assurent que sa côte pourrait grimper.Taux de présence potentielle : 77 %Après Mai. Pataquès aidant (film ou série Télé ?), Carlos, qui n'avait pas eu droit à la compétition en 2010, avait été l'un des grands évènements de cette édition. Pas de soucis sur l'origine d'Après Mai - récit des mouvements sociaux en Europe qui culmineront avec mai 68. C'est bel et bien un film de cinéma.Taux de présence potentielle : 81%Superstar. Si A l'origine avait fait sensation en 2009,  la présentation du film de Xavier Giannoli avait surtout mené à une discorde entre l'équipe de EuropaCorp et le réalisateur, autour du montage présenté. Tout est pardonné aujourd'hui et les premiers bruits autour de Superstar assurent qu'avec un rôle d'anonyme devenant célèbre du jour au lendemain, Kad Merad pourrait épater autant que François Cluzet en imposteur bâtisseur d'autoroute.Taux de présence potentielle : 72%OutsidersMud. Difficile après le triomphe de Take Shelter à La semaine de la critique l'an dernier, d'écarter le troisième film de Jeff Nichols, annoncé comme une nouvelle tranche d'Americana, toujours avec Michael ShannonTaux de présence potentielle : 70 %Stoker. Si, Thirst, son film de vampires, s'était pris un vent critique en 2009, Park-Chan Wook, pourrait rempiler avec Stoker, son premier film américain, poussé par un casting féminin très cannois : Mia Wasikowska et Nicole Kidman.Taux de présence potentielle : 65%The broken circle breakdown. La merditude des choses avait été un des moments forts de Cannes 2010. Felix Van Groeningen revient avec une histoire d'amour qui tourne mal entre une tatoueuse et un joueur de banjo. Le candidat idéal pour imposer une production Belge Flamande qui a le vent en poupe.Taux de présence potentielle : 69%Aimer à en perdre la raison. Tous ceux qui ont vu le troisième film de Joachim Lafosse sont unanimes : Emilie Dequenne, en mère de famille qui va commettre l'irréparrable, y est exceptionnelle - au point de pouvoir décrocher un prix d'interprétation féminine ? En l'absence des Frères Dardenne, Rosetta pourrait les suppléer...Taux de présence potentielle : 79%The We & the I. Après L'épine dans le coeur, Michel Gondry persiste dans une veine intimiste et semi-auto-biographique. Il est allé filmer la dernière journée d'école d'une classe de pré-ados américains, s'inspirant d'un propre épisode de son enfance. Enorme buzz au marché de Berlin pour ce film qui serait une perle d'émotion.Taux de présence potentielle : 79%Sightseers. C'est bien à Cannes que Ben Wheatley a fait sensation l'an dernier mais... au marché du film ou les distributeurs du monde entier se sont battus pour décrocher les droits de Kill List, polar glaçant et grisant sur un tueur à gages. Avec Sightseers, comédie très noire sur deux tarés qui partent ensemble en vacances, Wheatley a tout pour s'installer dans la brèche ouverte par Drive.Taux de présence potentielle : 75%Pierre de patience. En 2004, Atiq Rahimi décrochait le prix d'Un certain regard avec Terre & Cendres. Entre temps c'est sa valeur littéraire qui a été reconnue. Le prix Goncourt 2008, a porté à l'écran son propre livre accompagnant une femme afghane veillant son mari dans le coma après une fusillade.Taux de présence potentielle : 73%No. Plus vraiment un inconnu cannois (Tony Manero, son second film était à la Quinzaine des réalisateurs en 2008), Pablo Larrain s'est peu à peu imposé comme LE cinéaste chilien du moment. No a tout pour faire parler de lui : Gael Garcia Bernal y joue un publiciste qui monte une campagne pour faire tomber Pinochet lors d'un référendum en 1988Taux de présence potentielle : 75%Quelques heures de printemps. Si Mademoiselle Chambon n'avait pas passé le cap de la shortlist il y a trois ans, Stéphane Brizé y arrivera peut-être avec Quelques heures de printemps. Une seconde standing ovation (après celle d'une dizaine de minutes l'an dernier de Pater) pour Vincent Lindon, en quinqua se rapprochant de sa mère à l'orée de la mort ?Taux de présence potentielle : 72%Main dans la main. La guerre est déclarée fut la palme de l'émotion à Cannes 2011. Un an plus tard, le transfert de La semaine de la critique à l'officielle pour Valerie Donzelli pourrait avoir lieu avec Main dans la main, la comédie musicale avec Valérie Lemercier qu'elle vient de terminer.Taux de présence potentielle : 65%Ceux qui n'y seront pasThe Grandmasters.  De même qu'il porte toujours ses lunettes noires sur le nez, Wong Kar Wai ne déroge pas à une autre habitude : être l'arlésienne cannoise. En post-production depuis près d'un an, The Grandmasters, son biopic du maître d'arts martiaux de Bruce Lee, vient de voir sa sortie chinoise repoussée au minimum à décembre 2012. Vu ses méthodes de travail - il a mis de côté plusieurs années Les cendres du temps, prenant le temps de tourner d'autres films, avant d'en achever le tournage- il y a de quoi supposer que Wai travaillera sur son montage jusqu'à la dernière minute. Cela dit, le réalisateur doit redorer son blason après la déception de My Blueberry Nights (ouverture de Cannes 2007). Et si une présence à Venise semble plus probable, rien ne l'empêche, comme avec 2046 il y a huit ans, de présenter in extremis une version de The Grandmasters, avant de refaçonner le montage pour la sortie.  Taux de présence potentielle : 5%God only forgives. Depuis la déflagration Drive l'an dernier, on entend dire ici et là que Nicolas Winding Refn et Ryan Gosling sont priés de passer à la vitesse supérieure pour boucler leur western existentialiste tourné en Thaïlande afin d'être prêts à temps. Une rumeur totalement fantaisiste à Berlin parlait même d'une projo-ultra secrète d'un premier montage. Refn et Gosling ont encore le temps de boire des cocktails sur la plage de Phuket : très très peu de chances pour que le film soit terminé en temps et en heure.Taux de présence potentielle : 9%Jimmy Picard. On entend ici et là depuis quelques semaines, la possibilité d'une présence d'Arnaud Desplechin, quatre ans après Un conte de Noël, avec Jimmy Picard. C'est plus qu'improbable : le film est à peine sur le point d'entrer en tournage.Taux de présence potentielle : 0 %Ceux qui y seront peut-êtreThe Master. Après une gestation chaotique (le film n'a été sauvé que par la reprise financière par la productrice Megan Allison), c'est au tour de l'accouchement de The Master d'être un peu difficile. Allison twittait le 6 mars dernier qu'il était encore un peu prématuré d'annoncer une date de sortie américaine, espérant être sur les écrans en octobre. Sans préciser quel était l'état actuel de finition du film. En 2002, Punch-Drunk Love avait été présenté à Cannes et sorti aux USA à l'automne. Un tel schéma pourrait se redessiner pour The Master à moins qu'au vu d'un sujet polémique (le film serait une satire de la Scientologie), ses producteurs, comme c'est de plus en plus le cas, craignent qu'une mauvaise réception critique à Cannes flingue sa carrière commerciale.Taux de présence potentielle : 40%Charles LoursonPour tout savoir sur le festival de Cannes, c'est ici !