Charlotte Gainsbourg : "J'étais inhibée par le devoir de faire rire dans Samba"
Gaumont

"Depuis Prête-moi ta main, j’avais envie de refaire une comédie."

Samba d'Eric Tolédano et Olivier Nakache avec Omar Sy, Charlotte Gainsbourg et Tahar Rahim, sera rediffusé ce dimanche sur France 2. En 2014, Première avait interviewé Charlotte, l'un des atouts de ce drame réussi.

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De tous les films (sept !) sortis en 2014 dans lesquels elle joue, Samba était de loin le plus attendu. Charlotte Gainsbourg prouvait qu'elle était l'actrice de l'année en interprétant une quadragénaire dépressive, qui se reconstruit au contact d’un sans-papiers qu’elle va tenter d’aider à s’en sortir. Tour à tour bouleversante et pétillante, elle donne tort à ceux qui pouvaient craindre que son association avec Omar Sy ne fonctionnerait pas. C’est au contraire le principal atout de Samba, subtile comédie des contraires et état des lieux d’une France loin des clichés déclinistes en vogue.

Première : Quand on sort de Nymphomaniac et de 3 cœurs, deux films assez « lourds », on est contente de recevoir le scénario de Samba ?
Charlotte Gainsbourg : Oh oui ! Depuis Prête-moi ta main, j’avais envie de refaire une comédie. Quand Éric et Olivier sont venus –assez tôt- me voir pour me dire qu’ils écrivaient un rôle pour moi, j’étais ravie et flattée. J’avais hâte de le lire. Après avoir enchaîné quatre films, avec des tournages très imbriqués, j’ai été tout de suite emballée par le scénario de Samba. Mais de toute façon j’étais conquise d’avance…

Qu’ont-ils dit pour vous convaincre à la base ?
Ils m’ont parlé de leur envie de refaire un film avec Omar et de m’inscrire dans ce projet. Ils m’ont également mise à l’aise par rapport à la comédie qui n’est pas naturelle chez moi : ils étaient disposés à me laisser faire des suggestions, des remarques… J’ai commencé par leur demander d’accentuer les défauts de mon personnage. J’aime bien jouer la maladresse. J’en ai profité à fond !

Yvan (Attal) leur a dit, « Faites gaffe je suis plus drôle qu’elle ». Il n’était pas un petit peu jaloux ?
(rires). Non ! Ils sont copains, en fait. Pendant le tournage, ils passaient leurs temps à s’envoyer des sms où ils se foutaient de moi !

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Y a-t-il une méthode Toledano/Nakache ?
Ils réinventent les scènes en permanence. Il y a beaucoup de prises, on s’amuse beaucoup. C’est par exemple l’inverse d’un Benoît Jacquot qui ne fait qu’une ou deux prises et vous rend hyper responsable du résultat. Eric et Olivier vous pousse à explorer toutes les possibilités d’une scène, quitte à en faire des caisses. Au montage, ils ont ainsi énormément de matière pour décider de ce que sera le ton du film.

Avez-vous du coup été surprise du résultat ?
Oui. Par le côté touchant des personnages, qui passe à travers les silences… Je ne m’en rendais pas du tout compte pendant le tournage, où l’ambiance était vraiment bon enfant.

Eric et Olivier nous ont dit que la fragilité que vous dégagez avait rendu Omar meilleur. En quoi Omar vous a-t-il rendue meilleure ?
J’étais un peu inhibée par le devoir de faire rire. Il a tout fait pour que je me sente à l’aise. Lui et les réalisateurs m’ont rassurée sur le fait que les situations amèneraient la comédie, que je n’aurais aucun effort à faire. C’était vrai. Comme je l’ai dit, je suis surprise par l’humanité des personnages, et particulièrement par celle de Samba. Omar n’est pas que drôle, il a une grande générosité qui transparaît à l’image et qui explique sa popularité.

Plus le personnage d’Alice avance et plus il est solaire. Êtes-vous du genre à être de la même humeur que votre personnage ?
Pas forcément. Quand je vais sur le terrain de la maladresse, je suis à mon avantage car c’est quelque chose que je connais… (rires) En revanche, quand je dois incarner la businesswoman épanouie, sûre d’elle, cela me coûte un peu. Je ne suis pas quelqu’un qui fait des rôles de composition.

Il y a au moins un rôle où vous avez dû composer, c’est celui de la mère indigne dans L’incomprise d’Asia Argento (sur les écrans le 26 novembre 2014, ndlr), non ?
Pas faux… Je dois cependant avoir une part de méchanceté en moi, car je suis convaincue qu’on puise en soi pour n’importe quel personnage. Asia m’a facilité les choses en me jouant le rôle qu’elle m’a mis sur mp3. Je l’écoutais tout le temps, notamment pour choper l’accent. J’étais à fond dans le mimétisme.
Interview Christophe Narbonne

Bande-annonce de Samba :


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