8 rue de l'Humanité : Dany Boon part en tournée pour Netflix
Netflix

Avec 8 rue de l'Humanité, le réalisateur de Bienvenue chez les Ch'tis signe la première vraie comédie sur le Covid. Rencontre.

Mise à jour du 2 juillet 2023 : Avec 8 rue de l’Humanité, le cinéaste ch’ti signait à la fois le premier (vrai) film du confinement, un retour à son cinéma socio et humaniste et son arrivée sur la plateforme au logo rouge. Nous l'avions rencontré en octobre 2021, au moment où cette comédie arrivait sur Netflix. Flashback, à l'occasion de sa diffusion sur TF1, ce dimanche.
PAR GAËL GOLHEN & FRANÇOIS GRELET

Interview du 25 octobre 2021 : Il y a quelques jours, Netflix a mis en ligne la nouvelle comédie de Dany Boon, 8 rue de l'Humanité. Voici un extrait de son interview dans publiée dans Première n°523, avec Adam Driver en couverture, qui vient de sortir dans les kiosques. Le réalisateur de Bienvenue chez les Ch'tis revient sur la fabrication de ce film inspiré par le confinement et coécrit avec sa compagne Laurence Arné, explique pourquoi il a signé avec la plateforme tout en restant fidèle à Pathé, ainsi que les raisons qui le poussent à refuser de tourner des suites de son énorme succès de 2009. Il revient aussi sur le fond du film, l'épidémie de Covid-19, qu'il a attrapé peu de temps avant de tourner, et qui a réveillé son hypocondrie. 


Dany Boon et Kad Merad réunis dans le nouveau teaser de La Vie pour de Vrai

Il lui aura fallu une pandémie pour s’y remettre. Dans 8 rue de l’Humanité, Dany Boon lâche un peu le burlesque « hors du temps » et la comédie post-Veber de ses derniers films, pour revenir à la fibre socio de ses débuts et de ses spectacles. Un comique à base d’écouvillons longs comme le bras, de gel hydroalcoolique gobé cul sec et de masque de plongée en guise de FFP2…

On y suit au gré des étages le quotidien tendu de quelques occupants d’un immeuble parisien confrontés à la quarantaine imposée. Il y a le dessinateur de presse hypocondriaque (Dany Boon), sa femme avocate (Laurence Arné), le jeune couple de youtubeurs (Tom Leeb et Alison Wheeler) et le gros beauf friqué à tendance conspi (François Damiens, hilarant). Tous vont devoir apprendre, évidemment, une nouvelle forme de vivre-ensemble pendant que le savant fou du rez-de-chaussée cherche un vaccin (Yvan Attal).

Ce n’est donc pas un film de confinement – on en a déjà vu, pour le meilleur (Malcolm & Marie) comme pour le pire (Connectés) –, mais le premier film sur le confinement, ce qui dénote une certaine ambition. C’est aussi la toute première grosse comédie française produite et diffusée par Netflix, ce qui engendre une redistribution majeure des cartes. Mais au-delà des « premières fois » et des défauts inhérents au cinéma de Boon, le film risque surtout de marquer les esprits par son aspect incroyablement cathartique, et donc totalement fédérateur. Pour la première fois, on a eu l’impression que cette histoire appartenait un peu au passé. Dany Boon aurait-il trouvé le remède miracle pour soigner le pays? L’intéressé nous répond par Zoom, dans le plus strict respect des gestes barrières, donc.

Ce qu’on retiendra, en partie, du Covid, c’est l’opposition entre deux France : les « rassuristes » vs les alarmistes, les pro-vax vs les anti-vax, les pro-passe vs les anti-passe, etc. Etrangement, dans tous les sociotypes qui peuplent votre film, il en manque un qui est déterminant, celui qui s’oppose à tout.
Il est là, c’est le personnage de François Damiens.

Il est assez ouvert, tout de même…
Ah? Il dit pourtant clairement : « Le Covid, c’est une invention pour réduire la population mondiale. » On l’a lu, on l’a entendu et on l’a mis dans la bouche du personnage de Damiens. Mais on ne développe pas plus que ça.

Oui et surtout, vous lui offrez une vraie rédemption, comme s’il ne croyait pas vraiment à ce qu’il affirmait depuis le début. Au fond, c’était l’expression d’une colère plus qu’une conviction.
Mettre en valeur un personnage complètement complotiste – et en le filmant on le met forcément en valeur – était un peu complexe. J’ai l’impression qu’ils sont à la marge ces gens-là. Ils font du bruit, mais au fond, ils ne sont pas bien nombreux. Et puis… c’est dur à définir. Est-ce que ne pas vouloir se faire vacciner, c’est être complotiste ? Bon, moi je suis vacciné, mes enfants sont vaccinés, mon chien est vacciné aussi ! Mais j’ai l’impression que cette appréhension, cette peur du vaccin, donc de la nouveauté est un travers très partagé du genre humain. Vous rappelez-vous quand les micro-ondes sont arrivés dans toutes les cuisines, on s’est tous mis à avoir la trouille de ce machin. Il ne fallait pas trop s’approcher et encore moins l’ouvrir quand il tournait, parce que les ondes allaient sortir et irradier votre visage ! Bon personne n’a jamais chopé le cancer à cause de la porte mal fermée du micro-ondes, je crois. Mais je suis sûr que malgré tout, vous appuyez systématiquement sur Stop avant d’ouvrir votre four. Je me trompe ?

Non…
Eh ben moi aussi, je fais pareil! J’appuie sur Stop PUIS j’ouvre. Toujours. C’est une trouille idiote, irrationnelle et pourtant, elle est entrée dans l’inconscient collectif… Le film raconte ça à sa manière : il faut faire preuve de beaucoup d’indulgence et de compréhension face aux peurs de nos semblables. Que ce soit une maladie, un vaccin, ou un micro-ondes. 

La Ch’tite famille - Valérie Bonneton "C’est un film qui ressemble à Dany"