Jane Birkin
Abaca

La chanteuse et actrice britannique, devenue une icône de la culture française, s’est éteinte ce dimanche à l’âge de 76 ans.

Sa voix était l’une des plus identifiables dans l’histoire de la chanson française. Éminemment aigue, semblable à celle d’une éternelle petite fille, affublée d’un accent anglais qu’elle gardera tout au long de sa vie : Jane Birkin est décédée ce dimanche 16 juillet 2023 à l’âge de 76 ans. Elle laisse derrière elle une carrière phénoménale dans l’histoire de la chanson française, mais également dans une histoire du cinéma encore plus large, ayant aussi bien performé dans le cinéma anglo-saxon que français, tournant devant la caméra des plus grands réalisateurs de leur temps, de Michelangelo Antonioni à Jacques Rivette, en passant par Jacques Deray, Richard Lester ou encore Claude Zidi.

Jane Birkin - Le cinéma et moi partie 1 : de Blow-up à Don Juan 73 [hommage]

Jane Birkin naît en 1946, à Londres, au sein d’une famille britannique provenant de la bourgeoisie londonienne. Sa mère, Judy Campbell, est alors une actrice de premier plan, tandis que son père, David Birkin, est un commandant respecté de la Royale Navy britannique. Inspirée par sa mère, Jane Birkin débute sa carrière au cinéma en 1964 avec une apparition remarquée dans The Knack de Richard Lester, film majeur du Swinging London des années 1960, mouvement qui fit de Londres la capitale mondiale de la culture pop. C’est toutefois dans le Blow-Up de Michelangelo Antonioni, Palme d’Or à Cannes en 1966, où elle crève l’écran grâce à une apparition éclair de quelques minutes dans le rôle d’un mannequin : «  J’ai vu le perfectionnisme d’Antonioni qui réglait la sueur sur le visage de David Hemmings à la gouttelette près ! Même pour cette petite scène de rien du tout, j’ai eu l’impression d’être redessinée par cet architecte de l’image. », raconte Jane Birkin à Première en 2021 sur Antonioni.



Après ce coup d’éclat, Jane Birkin enchaîne les petits rôles, et accouche de son premier enfant, Kate Barry, naît de son union avec le compositeur de musique de films John Barry, à l’origine du thème de James Bond. Elle est embauchée en 1968 pour tourner dans Slogan de Pierre Grimblat, dans lequel joue également Serge Gainsbourg, dandy français par excellence qui commence alors à devenir un nom important dans l’industrie musicale. C’est le coup de foudre personnel et artistique : de cette nouvelle union naîtra plusieurs albums cultes (Jane Birkin/Serge Gainbourg, Baby Alone in Babylone, Ex-fan des Sixties, Di Doo Dah…) ainsi qu’un long-métrage qui fit scandale à sa sortie en 1975, Je t’aime moi non plus. Inspiré par la chanson éponyme, Serge Gainsbourg coupe les cheveux de Birkin pour en faire une garçonne contrainte par Krassky (Joe Dalessandro), un homosexuel provocateur, à pratiquer la sodomie. À cette même époque, elle apparaît également dans La Piscine de Jacques Deray, aux côtés d’Alain Delon et Romy Schneider, mais aussi dans Don Juan 73 de Roger Vadim avec Brigitte Bardot.

Jane Birkin - Le cinéma et moi partie 2 : de Je t’aime moi non plus à La Pirate [hommage]

Elle s’affiche à cette même époque dans plusieurs comédies populaires réalisées par Claude Zidi, dont La moutarde me monte au nez, où elle fait preuve d’un véritable tempo comique face à Pierre Richard. Au tout début des années 1980, dans la foulée de sa séparation avec Serge Gainsbourg, elle rencontre le réalisateur Jacques Doillon, son futur mari et père de leur fille Lou, qui la fait jouer dans La Fille Prodigue avec Michel Piccoli, mais aussi dans La Pirate, remake effronté du Silence de Bergman, avec Maruschka Detmers, ainsi que dans Comédie! avec Alain Souchon : « C’est quelqu’un qui croyait que vous pouviez être un coureur de fond et un sauteur d’obstacles gigantesques et vous demandait des choses d’une complexité infinie pour vous prouver qu’il avait raison ! Il pouvait faire jusqu’à 80 prises de plans- séquence de 10 minutes et ce dans un seul but : pour que ses acteurs brillent. » raconte l’actrice sur son ex-mari au micro de Première. C’est à cette époque que Jane Birkin rencontre également Agnès Varda, qui va lui consacrer un documentaire baroque, Jane B. par Agnès V., tout en la faisant jouer dans Kung-Fu Master avec sa fille Charlotte et le fils de Varda, Matthieu Demy. 

Dans les années 1990, elle tourne pour la deuxième fois avec Jacques Rivette pour La Belle Noiseuse, mais elle est aussi la fille de Dick Bogarde dans Daddy Nostalgie de Bertrand Tavernier. Les années 2000 et 2010 ouvrent de nouveaux horizons pour Jane B., lui permettant de réaliser un premier film en forme de voyage introspectif (Boxes), tout en apparaissant chez Catherine Corsini (Mariées mais pas trop), Marion Vernoux (Reines d’un jour), et Hong Sang-Soo (Haewon et les hommes).

Jane Birkin dans La Piscine
SNC

Depuis les années 1970, Jane Birkin n’a également jamais cessé de chanter en sortant très régulièrement des albums studios, apparaissant en même temps dans plusieurs pièces de théâtre, dont deux écrites par elle-même (Oh ! pardon tu dormais et Boxes, qui inspira le film du même nom.)

Sa dernière apparition au cinéma provoque un frisson indescriptible : elle est la figure principale du documentaire Jane par Charlotte, réalisé par sa fille Charlotte Gainsbourg, dans lequel est magnifiée lors de discussions aux lits, dans les backstages d’un concert, devant sa maison dans le Finistère, ou encore dans l’ancien appartement de la Rue de Verneuil qu’elle a partagée avec Serge Gainsbourg pendant près de 15 ans. «  Là, j’ai compris que c’était avant tout un film sur un enfant en quête de sa place plus que sur ma personne ou ma carrière. Je crois que j’ai accepté ce documentaire pour qu’elle aille mieux. Et elle m’a dit des choses qui m’ont réellement bouleversée. Et en même temps, le propos est vraiment universel. Chaque famille peut s’y retrouver », raconte-t-elle à Première au moment de la sortie du film.

Jane par Charlotte de Charlotte Gainsbourg
Nolita Cinema - Deadly Valentine

Jane Birkin est partie dans les étoiles, donnant cette impression d’avoir perdu un proche, tant elle faisait partie d’un paysage audiovisuel extrêmement large, ayant réussi à s'imposer comme une icône de la mode, de la chanson et du cinéma français comme mondial.

Jane Birkin - Le cinéma et moi partie 3 : de Jane B. par Agnès V. à Jane par Charlotte [hommage]

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