Affiches Films à l'affiche mercredi 17mai 2023
Universal/ Le Pacte/ Orange Studio

Ce qu’il faut voir en salles.

L’ÉVÉNEMENT
FAST & FURIOUS X ★★★☆☆

De Louis Leterrier

L’essentiel

Dans ce dixième épisode de la franchise automobile, Vin Diesel rappelle tout le monde à bord, vante les mérites de la famille, avant de se mesurer à un méchant chevelu et histrionnant joué par Jason Momoa. Ca Fast ou bien ?

Au bout du 10ème épisode, le spectateur, assommé, en revient toujours aux mêmes questions. Des kakous du volant complètement niais, neuf films sans queue ni tête, et ce mystère : à part la fidélité et un brin de masochisme, qu’est-ce qui nous pousse, malgré l’effet de saturation, malgré les épisodes précédents, à nous précipiter dans les cinémas pour voir lenouvel épisode des fous du volant ?  La réponse tient en un mot : l’action, complètement azimutée.

On ne le savait pas à l’époque, mais lors du braquage mémorable de Rio dans Fast 5, Dom Toretto (Vin Diesel) et Brian O’Conner (Paul Walker) ont laissé pour mort le fils de leur ennemi de l’époque, Dante Reyes. Dix ans plus tard, Dante (Jason Momoa, l’arme fatale du film !).a eu le temps de ruminer sa colère et d méticuleusement mis au point sa vengeance. C’est ce que Fast X raconte en empilant les scènes d’action sans aucun souci de réalisme ni de cohérence. Sur fond de gangsta rap mondialisé, les caïds bruleurs de gommes multiplient les cascades qui défient la physique. Les combats au corps à corps sont épileptiques, la réalisation multiplie les idées aberrantes, iconise ses personnages débridés avec une démesure assumée et le récit, à l’image de son méchant gonzo, est totalement décomplexé. Au fond la saga Fast semble être devenue l’égal occidental des films Bollywood, avec pour seul horizon de frapper plus grand, plus fort. En multipliant les effets numériques, en sacrifiant toute direction artistique (et au passage ses héros) pour être le plus big possible.

Pierre Lunn

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PREMIÈRE A AIME

JEANNE DU BARRY ★★★☆☆

De Maïwenn

Quand la dernière ligne droite d’un projet qu’on a en tête depuis 2006 s’étale sur 6 ans, il y a de quoi abîmer votre désir initial. Mais Maïwenn a résisté à tout et sa passion pour la du Barry - cette fille des rues avide de s’élever socialement sans hésiter à user de ses charmes et dont Louis XV fait sa favorite, en dépit de l’hostilité de la Cour – crève l’écran. A travers elle, Maïwenn se raconte en creux et distille en filigrane sa vision du féminisme où les femmes peuvent se révéler plus impitoyables que les hommes avec les autres femmes. Tout sauf un robinet d’eau tiède au fil d’une écriture jouant avec les ambiguïtés et les paradoxes de ses personnages, Jeanne du Barry tisse des liens entre hier et aujourd’hui mais sans céder à la facilité des anachronismes. Maïwenn s’y réinvente comme cinéaste. Pellicule 35 mm, caméra posée, plans séquences, elle sort de sa zone de confort dans un geste jamais engoncé. Et ce classicisme revendiqué offre le plus beau des écrins à son propos et ses interprètes. Un casting remarquable où si Maïwenn séduit par son interprétation ludique traversée de moments déchirants de Jeanne, Johnny Depp, par son charisme, sa capacité à tant dire par un simple règne sur le film sans écraser personne. Son Louis XV restera dans les mémoires.

Thierry Cheze

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SOUFFLE BLEU ★★★☆☆

De Rodrigo Areias

Au large des Açores, sur l’île de Sao Miguel, survit une petite communauté de pêcheurs. C’est là – dans les rues, le cimetière, l’école, les navires, les vagues – que le réalisateur portugais Rodrigo Areias pose sa caméra. Il observe les mouvements des insulaires. Leurs mots, leur visage et leur éthos. Plusieurs générations s’entremêlent. Certains sont traditionnalistes et superstitieux, d’autres guettent l’avenir ailleurs (au loin). Rester ou partir ? Côtoyer les fantômes ou les oublier ? Se convertir à la modernité ? Par ondées régulières, l’œuvre de l’écrivain portugais Raul Brandão « Os Pascadores » émerge par-dessus les images, en voix off. Souffle bleu capte ici, à la manière d’un Wiseman ou d’un Depardon, l’anthropologie (l’être) et la poésie (le désir d’être) de l’île. Les rivages et les mirages. Naturellement mélancolique.

Estelle Aubin

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

L’HOMME DEBOUT ★★☆☆☆

De Florence Vignon

Co- scénariste de nombreux Stéphane Brizé (dont Mademoiselle Chambon qui lui a valu un César), Florence Vignon partage avec lui ce désir de raconter des histoires ancrées dans le monde réel en partant de questions sociétales fortes. Son premier long de réalisatrice s’inscrit dans cette veine avec comme héroïne une jeune femme (Zita Hanrot, impeccable), récemment embauchée en CDI dans une entreprise de papier, qui doit pousser un VRP (Jacques Gamblin, impérial) vers la retraite pour rajeunir l’image de la boîte. Ce contre quoi celui- ci va lutter, provoquant chez elle un dilemme entre l’obligation d’obéir à son boss pour garder son poste et l’affection profonde qu’elle éprouve pour sa « cible ». Juste quand il parle du monde de l’entreprise ou dans les moments plus poétiques traduisant le cerveau vagabondant de son héroïne, le film souffre de personnages secondaires trop caricaturaux qui en affaiblissent la portée. Inégal donc.

Thierry Cheze

RAMONA FAIT SON CINEMA ★★☆☆☆

De Andrea Bagney

Amateurs de Frances Ha, de la trilogie Before ou du cinéma d’Hong Sangsoo, ce premier long métrage vous est directement destiné. Sa réalisatrice parsème en effet l’intrigue de sa comédie romantique de clins d’oeil appuyés à ces inspirations tant dans ses dialogues que dans sa mise en scène (l’utilisation du noir et blanc à la Baumbach pour rendre hommage comme lui à la Nouvelle Vague). Un film construit comme une mise en abyme permanente entre les aventures en mode hasard et coïncidence de son héroïne, jeune Madrilène qui tente sa chance comme actrice et le film qu’elle tourne. Mais à ce jeu d’artifices revendiqué et en débit du talent de son interprète (Lourdes Hernandez, chanteuse qui a signé de superbes albums sous le pseudo de Russian Red qui débute au cinéma), elle finit par se perdre et nous perdre. Un format de moyen métrage aurait été plus approprié pour éviter ce sentiment de tirer à la ligne.

Thierry Cheze

L’ARBRE A VOEUX ★★☆☆☆

De Richard Cusso

Ce film d’animation australien met en scène une Cité sanctuaire peuplée d’animaux féeriques qui se retrouve menacée d’extinction lorsque son arbre à vœux se meurt. Le début d’une intrépide aventure dans les terres sauvages aux personnage pétillants. Et bien qu’un peu écrasée par un discours moralisateur pataud sur les bienfaits de l’entraide, l’atmosphère sombre et oppressante sublimée par l’animation apporte au récit son lot de rebondissements qui maintiennent le récit à flot pendant 90 minutes.

Lou Hupel

SUBLIME ★★☆☆☆

De Mariano Biasin

Manuel a 16 ans, un visage d’ange, une copine, une bande à lui et une attirance secrète pour son meilleur ami. Si la première demi-heure du film laisse présager un Call me by your name ensoleillé en Argentine, l’intrigue, qui repose uniquement sur l’évocation du trouble amoureux (que se passe-t-il en moi ? Dois-je l’exprimer à l’autre ? Le garder pour moi ?) s’essouffle vite. Sublime est mignon mais guère plus.

Estelle Aubin

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

MONSIEUR CONSTANT ★☆☆☆☆

De Alan Simon

Un vieillard grincheux se réconcilie, paraît-il, avec son passé (ses démons, son fils, sa bataille) grâce au surgissement d’un élément tiers : souvent, un enfant (aux grands yeux mi-innocents, mi-j’ai déjà tout compris). C’est ce que raconte en substance Monsieur Constant, un Gran Torino artisanal posé sur l’île aux moines, qui ne s’épargne ni les clichés, ni les artifices du genre. Faussement tendre.

Estelle Aubin

 

Et aussi

Umami, de Slony Sow

Reprises

Fortunella, de Eduardo de Filippo

Il Bidone, de Federico Fellini

La Strada, de Federico Fellini