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Jonathan Olley / Jonathan Olley / Lucasfilm Ltd. / ©2022 Lucasfilm Ltd. & TM. All Rights Reserved.

Le réalisateur du Cadran de la destinée revient pour nous sur le troisième acte et une séquence étonnante et bouleversante.

Attention, gros (gros) spoilers à suivre sur la fin d’Indiana Jones et le Cadran de la destinée. Si vous n’avez pas encore vu le film, n’allez pas plus loin dans la lecture. Vous êtes prévenus !

Cette fois ça y est, c’est vraiment la fin pour Indiana Jones. Avec Le Cadran de la destinée (lire notre critique), Harrison Ford raccroche définitivement le fouet dans une aventure XXL qui l’emmène aux quatre coins du monde. Et le film de James Mangold se permet un écart fantastique dans son troisième acte avec un voyage dans le temps inédit dans la franchise. Rencontré à Cannes, le réalisateur nous détaillait longuement ce choix, et ses conséquences sur les personnages : « Avec les scénaristes, Jez et John-Henry Butterworth, on ne savait pas exactement comment terminer le film. Il m’est apparu qu’il était im-possible, en suivant les règles des Indiana Jones, d’avoir une relique qui ne révèle pas la nature de son pouvoir. Qui ne provoque pas l’émerveillement d’Indy. Dans chaque film, il se passe toujours un truc dingue et magique qui vient se cogner au scepticisme d’Indiana Jones. C’est comme s’il avait douté de l’existence des fantômes durant tout le film et que, d’un coup, ils étaient là. Il n’a plus le choix : il doit accepter cette nouvelle réalité. »

Mangold précise qu’il ne voulait surtout pas « que le voyage dans le temps existe sur le plan logistique ou métaphysique, comme on a pu le voir dans plein de films. Je voulais quelque chose de plus émouvant. J’adore l’idée qu’on ne se retrouve pas là où le personnage de Mads Mikkelsen voulait aller.

"Le jour où cette idée m’est venue, je savais qu’elle faisait sens par rapport à l’histoire du film."

Il fallait qu’on aille quelque part, et le plus logique aurait été qu’ils reviennent en 1939 et qu’Indy réussisse à contrecarrer les plans de Mads. Mais ça me semblait ingérable, et je ne voulais pas qu’on continue la même quête, je voulais prendre un virage. Par ailleurs, je ne pense pas que le public pourrait vraiment se soucier de la victoire ou de la défaite d’Hitler, parce que dans la logique du film, on ne peut pas modifier le passé. Et donc le dramaturge en moi s’est dit que c’était beaucoup trop d’informations, et probablement pas la piste la plus intéressante et surprenante. Dans le film, on évoque trois périodes temporelles : 1944, 1969 et donc l’année 213 avant J.-C. Il me semblait à la fois inattendu et parfaitement approprié que quand l’avion émerge de la faille temporelle, on se débarque à ce moment-là. Et qu’on se retrouve face à la réalité de cette époque. »

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Ce qui finit par mener Indiana Jones à cette scène sur la plage avec sa filleule, jouée par Phoebe Waller-Bridge, qui le supplie de repartir avec elle et de ne pas rester dans le passé. « Pour moi, c’est la vraie scène de fin du film. Alors oui, il y a une petite séquence à la toute fin dans le présent, parce que c’est important de conclure l’histoire plus tranquillement - et je ne voulais pas que le public me trouve trop abrupte ou cruel. Mais ce passage sur la plage est le tournant du film. » Pourquoi ? « Parce qu’au delà de la performance de Phoebe, de l’écriture et de la folle contradiction entre les circonstances fantastiques et cette scène d’amour pur, je crois que tout se joue dans ce que le personnage de Phoebe représente. Même pas symboliquement : c’est une jeune femme cynique, moderniste, qui ne jure que par l’argent et le succès, et qui a passé le film à essayer d’utiliser à son avantage tout ce qui présentait à elle. Elle a lutté contre son héros idéaliste de parrain. Et à ce moment précis, elle lui dit qu’en fait elle a besoin de lui, qu’elle ne peut pas le perdre. Mais à travers elle, c’est nous, le public, qui lui disons ça. Durant une bonne partie du film, on a adopté le point de vue d’Helena. Sauf que si on ne s’en écarte pas, alors on est morts à l’intérieur. Ce qui naît en elle, c’est un idéalisme inspiré par Indy, la foi en quelque chose de plus grand.

"Et parce que j’ai réalisé Logan, tout le monde pensait que j’allais tuer Indiana Jones. En fait c’est l’exact opposé !"

Helena lui dit : ‘’J’ai besoin que tu continues. Je sais que c’est dur, je sais que tu as mal aux genoux, je sais que le monde a changé, mais on a toujours besoin de toi.’’ Helena a risqué sa vie pour sauver Indy, elle a déjà fait le choix de devenir idéaliste. Et c’est le moment où elle partage ça avec lui : ‘’J’ai évolué, j’ai changé, je suis devenue plus comme toi. Donc putain, ne deviens pas cynique comme moi, en plus en te planquant dans un fantasme, 213 ans avant J.-C.!’’ Et tout ça devient une histoire d’amour humaine très profonde, un truc qu’on peut tous comprendre : l’impossibilité de continuer sans quelqu’un. »

Retrouvez notre interview de James Mangold et Harrison Ford dans le numéro de Première actuellement en kiosque, avec Tom Cruise et Mission impossible : Dead Reckoning, partie 1 en couverture.

Indiana Jones et le Cadran de la destinée est actuellement au cinéma. Bande-annonce :