Judith Godrèche a proposé des mesures contre les violences sexuelles au cinéma devant le Sénat

L'actrice continue de dénoncer "cette famille incestueuse du cinéma." Elle confie avoir reçu un nombre important de témoignages concernant des agressions sexuelles dans ce milieu.

À l'occasion d’une audition devant la délégation sénatoriale aux droits des femmes tenue le jeudi 29 février à Paris, Judith Godrèche a manifesté une demande de commission d’enquête. 

Dernièrement, l’actrice a pris la parole, d'abord dans la presse, puis à la cérémonie des César, pour dénoncer le comportement abusif des puissants du cinéma. Cette libération de la parole fait suite aux deux accusations de la comédienne, mettant en cause Benoît Jacquot, avec qui elle entretenait une relation alors âgée de 14 ans, ainsi que Jacques Doillon qui l’a forcé à répéter une scène de sexe avec lui, dans Une Fille de quinze ans (1989), quand elle était également mineure. 

Judith Godrèche a verbalisé toute sa motivation à poursuivre ce combat, dans l’optique de protéger les jeunes victimes. En premier lieu, elle a tenu à rendre hommage au juge Edouard Durand, magistrat et ancien dirigeant de CIIVISE Commission Inceste. 

"Cette famille incestueuse du cinéma n'est que le reflet de toutes ces familles", a notamment déclaré Judith Godrèche devant la délégation sénatoriale, avant de préciser avoir reçu 4 500 témoignages de victimes sur une adresse électronique qu'elle a ouverte à cet effet.

Sans livrer de noms, Judith Godrèche a relayé des témoignages, comme ces 200 signalements de techniciennes qui auraient toutes "reçu un selfie avec une photo du sexe d'un réalisateur français", sans leur consentement.

Elle a certifié vouloir "constituer une commission d'enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma" et également "le retrait” de ses fonctions à la présidence du CNC de Dominique Boutonnat, mis en cause dans une affaire d’agression sexuelle sur un membre de sa famille. Des accusations qui demeurent contestées par le principal intéressé, qui a été reconduit de ses fonctions. 

Judith Godrèche a aussi demandé à la délégation "d'imposer un référent neutre sur les tournages avec un mineur, un référent qui n'est pas payé par la production, qui est formé", et "qu'un enfant ne soit jamais laissé seul sur un tournage", avec "un système de contrôle plus efficace". Elle souhaiterait la présence obligatoire d’un coach d'intimité pour les tournages qui impliquent des scènes à caractère sexuel.