biopic de Michael Jackson
Instagram Jafaar Jackson

Le projet d'Antoine Fuqua, en cours de tournage, serait particulièrement bienveillant vis-à-vis du King of pop, si souvent accusé de relations inappropriées avec des enfants.

S'il ne fait aucun doute que Michael Jackson a été l'une des plus grandes icônes de l'histoire de la chanson, peut-on décemment faire un film sur sa vie, sans parler de son rapport aux enfants, qui lui a valu un procès en 2005 ? Si le King of Pop a été acquitté à l'époque, de sérieuses zones d'ombre persistent. Comme un doute particulièrement tenace et gênant, au moment de glorifier la star pendant 2 heures sur grand écran.

Dans une enquête publiée cette semaine, Variety jette un pavé dans la mare et suggère que le prochain biopic Michael, en production actuellement, sera raconté d'un point de vue bienveillant. D'abord parce que pour faire un biopic musical, il faut décrocher les droits musicaux du héros. En l'occurrence, il a fallu négocier un deal avec la succession de Michael Jackson, du coup très impliquée dans le biopic. L'avocat John Branca, ancien agent du chanteur et exécuteur testamentaire (il sera joué par Miles Teller dans le film) est ainsi producteur du projet. Et c'est carrément le neveu, Jaafar Jackson, qui joue le premier rôle. Selon une source proche de la production, au moins un membre de la famille Jackson est sur le plateau tous les jours. Or, la position du clan a toujours été la même depuis la mort de la star en 2009 : Michael a été acquitté, il était innocent. C'est la seule et unique vérité à représenter.

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Un porte-parole du film confie ainsi Variety que les ayant-droits du King of pop ont ainsi "fait confiance à Graham King, au sortir du processus de création", ce qui sous-entend qu'ils ont eu certaines garanties. King assure de son côté à Variety qu'il "s'est lancé dans ce projet avec un esprit ouvert et a passé des années à faire des recherches sur la vie et l'œuvre de Michael Jackson, de son talent artistique à ses luttes publiques et privées, en passant par ses efforts humanitaires. La vie de Michael était compliquée", dit-il, assurant faire un film "impartial", qui n'omettra rien. "En tant que cinéaste, je cherche à humaniser mais pas à aseptiser et à présenter l’histoire la plus captivante et impartiale que je puisse capturer dans un seul long métrage. Je laisse ensuite le public décider de ce qu’il ressent après l’avoir regardé."

Mais le cinéaste Dan Reed, réalisateur de la série documentaire événement Leaving Neverland (2019), qui relate en détail les allégations de Wade Robson et James Safechuck, qualifie le script de Michael (dont il a pu lire une première ébauche) "d'étonnamment fallacieux" parce qu'il tend à discréditer Robson et Safechuck, et à démentir les accusations de pédophilie. "On voit seulement Jackson en train de s'occuper d'enfants atteints de cancers, de danser avec une petite fille en fauteuil roulant ou de border plusieurs petits garçons, principalement ses neveux, lors de soirées pyjama ! C'est comme si les créateurs du film avaient été enfermés dans une pièce avec John Branca et qu'il leur avait dit quoi écrire."

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Michael sera à voir dans les salles en 2025. Mais déjà, la polémique enfle et risque d'exploser si le long métrage se contente de dépeindre Jackson en héros populaire.

Les acteurs du casting, croisés par Variety durant les Oscars, sont déjà obligés de se justifier. Miles Teller explique que, "avant de choisir un rôle, je réfléchis à tout. Quelle que soit votre opinion, Michael est l’un des plus grands à avoir jamais fait de la scène. Sinon le plus grand. Il mérite qu'un film lui soit dédié. Je suis ravi d’en faire partie." De son côté, Colman Domingo (qui jouera la patriarche Joe Jackson) répond : "Je ne pense tout simplement pas que ce soit mon travail de juger. En tant qu’artiste, mon travail consiste à trouver l’humanité chez tous les gens – les gens qui ont été vilipendés, les gens qui ont été victimisés. Que vous parliez d’un film sur Michael Jackson ou sur Bayard Rustin, j’ai l’habitude de m’intéresser à des choses plus compliquées pour trouver l’humanité chez les gens. Tout n’est pas noir ou blanc."