Sleep de Jason Yu avec Lee Sun-kyun et Jeong Yu-mi
The Jokers Films

Des sorcières, du gore, des somnambules et des vampires... la 31ème édition du festival du film fantastique n'a pas déçu. Palmarès complet.

Rien ne change dans les salles de Gerardmer. Chaque année, sur les rives du lac vosgien, les rituels avant les projections recommencent. Les spectateurs hurlent à l'unisson "non" à l'apparition de chaque logo antipiraterie, ils imitent le cri du loup-garou quand il apparait sur l'écran, poussent un "glouglouglouglouglou" quand c'est la créature du lac noir qui surgit, applaudissent chaque mention des coproducteurs des films à l'écran... "Quand on me demandera pourquoi il faut voir les films en salles", expliquait Jason Yu avant la présentation de son film Sleep samedi soir, "je leur dirais d'aller assister à une projection à Gerardmer" - ovation folle du public !

Certains choses sont donc immuables, mais d'autres évoluent. Comme la sélection des films fantastiques par exemple. Si l'année dernière avait été marquée par des propositions radicales, jusqu'au-boutistes et déroutantes (Pieta, qui a reçu le Grand Prix du festival l'année dernière vient de sortir en VOD), cette année, on revenait aux fondamentaux. Des jumpscare, du gore, de l'angoisse pure, beaucoup de bis et... des sorcières. C'était effectivement la tendance lourde du festival, en compétition comme hors compétition. De The Forbidden Play de Hideo Nakata (qui a déçu les festivaliers), en passant par The Funeral (étrange film Turc qui avait secoué les débuts du rassemblement vosgien) ou Roqya (avec Golshifteh Farahani en Circé du 9-3) les armides étaient partout. 

Golshifteh Farahani dans Roqya
Iconoclast Films

L'autre tendance de cette 31ème édition, c'était le retour des français. En attendant la nuit, délicat film de vampire made in France, est une coming of age story qui regarde son personnage principal tenter d'intégrer une société qui ne veut pas de lui. Quelque part en Morse et Le Règne animal (pour les thématiques), le film impose la présence étrange du jeune comédien Mathias Legout Hammond et repart avec le Prix du Jury. Hors compétition, on avait également pu voir Roqya et Le Mangeur d'âmes du duo Bustillo et Maury qui, à leurs façons, témoignent de la vitalité du genre en France.

Mais c'est donc Sleep qui s'est imposé hier soir au palmarès. Puissance des cadres, mélange des genres (on oscille entre la comédie et l'angoisse pure), le premier film de Jason Yu a mis tout le monde d'accord. En racontant  l’histoire d’un jeune couple coréen qui bascule dans l’horreur quand le mari devient somnambule (la femme craint pour la vie de son nouveau-né…), Yu, ancien assistant de Bong Joon-ho, réussit à marier les contraires, l'humour et l'effroi, la science moderne et les croyances ancestrales, le huis clos et le vertige surnaturel... Un joli coup.


 

Dans un autre registre, When Evil Lurks a impressionné son monde également. Petite claque hardcore venue d'Argentine, le film de Damien Rugna est un film de possédés malin et violent, qui se joue habilement des clichés pour délivrer ses décharges de trouille pure et il repart légitimement avec le Prix de la Critique et le Prix du Public.

Le palmarès de la 31ème édition du Festival International du film Fantastique de Gerardmer :

Grand Prix : Sleep de Jason Yu

Prix du Jury : Amelia's Children de Gabriel Abrantes et En Attendant la nuit de Céline Rouzet

Prix de la critique : When Evil Lurks de Damien Rugna

Prix du public : When Evil Lurks de Damien Rugna

Prix du jury jeunes de la Région Grand Est : The Seeding de Barnaby Clay

Grand Prix du court métrage : Transylvanie de Rodrigue Huart