Toutes les critiques de Happy Feet

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    La propension des pingouins à s’exprimer en chansons est l’occasion de réaliser une comédie musicale, un genre que Miller n’avait pas encore exploré. Puisant dans un répertoire consensuel, il réalise des numéros musicaux techniquement imparables. À l’aise dans tous les registres, il pratique également l’animation pour la première fois, avec un brio exceptionnel. (…) Il réalise aussi un film tout public auquel ne manque que ce grain de démesure qui suscitait, au sortir de ses précédents films, un état de franche euphorie. Ici, elle est juste tempérée.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    On ne sait plus où attendre l'improbable George Miller. De retour pour les fêtes avec un blockbuster d'animation où des pingouins chantent [people rec="0"]Grandmaster Flash[/people] et "Frank Sinatra" rec="0", l'Australien n'a pourtant pas perdu de vue sa vision de l'humanité qui l'obsède depuis Mad Max.
    - Vos impressions ? Discutez du film Happy Feet sur le forum cinéma de Flu.On s'était quitté sur Babe avec la promesse d'un Mad Max 4, et voilà que l'Australien George Miller revient avec Happy Feet, une comédie musicale avec des pingouins. A priori on aura du mal à trouver des liens dans l'oeuvre polymorphe de Miller. Pourtant, en cherchant rapidement on découvre vite des filiations, une cohérence qui d'un film à l'autre impose sa logique, ses obsessions, sa vision. Si cette dernière production au casting de stars (Elijah Wood, Nicole Kidman, Robin Williams) semble avancer dans la tranchée grande ouverte des films d'animation animalier en images de synthèse, elle se démarque justement par la présence d'un auteur discret qui impose son univers là où on ne l'attend pas. Tout semble apparemment opposer le monde post apocalyptique de Mad Max à celui des pingouins chanteurs, et pourtant pas tant que ça.Il y a plusieurs niveaux d'appréhension dans Happy Feet, comme autant de passages, de transitions que le film opère pour passer d'un registre à l'autre. Au commencement, le film semble foncer, sans nuance, vers une énième comédie musicale où tout est prétexte aux vocalises. On y découvre des pingouins connaissant par coeur l'histoire de la musique américaine, variant leur lexique entre [people rec="0"]Grandmaster Flash[/people], [people rec="0"]Jefferson Airplane[/people] ou [people rec="0"]Lionel Richie[/people]. Les dialogues enchaînent les chansons, les références abondent, l'effet karaoké est total et on se croirait débarqué dans un concours de [people rec="0"]Pop Idol[/people] (ou [people rec="0"]Star Academy[/people], comme on voudra). Là, le public est visé, ciblé, il ratisse large, des plus petits au plus grands, on craint le pire. Puis, petit à petit, en suivant l'histoire de Mumble, le jeune pingouin qui ne sait pas chanter (la honte, chanter c'est le ciment de la communauté !) mais sait faire des claquettes, le film mute en critique sociopolitique américaine. Hystérie du repli communautaire, fanatisme quasi religieux, rejet de l'autre et de sa différence, tout y passe, sur un mode à la fois convenu et relativement inattendu.Filant la métaphore, Miller continue de faire évoluer son récit en jouant des références. D'abord dans la prosopopée (donner aux animaux une voix et une conscience humaine) ou l'anthropomorphisme, Happy Feet devient à mi-parcours un plan de réconciliation nord/sud. Un éloge du multiculturalisme passant par la rencontre avec le Mexique, voire la culture latino en général. Toujours par la musique, la danse, le film fait ainsi de son projet quasi expérimental (faire un film en trois couleurs : blanc, noir, bleu, avec des personnages tous identiques ou presque), l'objet d'un discours en adéquation avec le temps des hommes et d'un pays plutôt que celui des pingouins. A mi-chemin, Happy Feet semble être donc un prétexte assez transparent. Mais Miller a plus d'un tour dans son sac et après mille péripéties pour partir à la rencontre de l'inconnu, l'Autre absolu, l'homme qui vide l'océan de ses poissons, le film opère sa dernière transition, la plus imprévisible.Brisant alors la dimension métaphorique de la prosopopée pour passer à une approche plus littérale (les pingouins sont des pingouins), Miller transforme Happy Feet en fable écolo universelle. Le film donne là ses scènes les plus étranges où Mumble, après avoir traversé les océans, se trouve prisonnier d'un zoo. Sa rencontre avec l'homme derrière les parois de verre d'une fausse banquise n'est pas sans rappeler Mad Max dans sa manière de filmer l'étonnement et l'étrangeté de la présence humaine. Il y a chez Miller une idée du biotope, une recontextualisation de l'homme dans son environnement passant par l'utilité de construire une relation pacifique avec la nature. Ainsi Happy Feet rappelle encore Mad Max : il faut apprendre à communiquer (des animaux aux hommes) et à vivre dans un souci d'équilibre socio démocratique et écologique où les ressources (les poissons remplacent le pétrole) doivent profiter à tous. Cette conscience environnementale, ce souci de la singularité de chacun, l'éloge du multiculturalisme par la musique, font du film un objet aussi consensuel qu'hybride. Une oeuvre qui autrement aurait pu être plus radicale, sans concessions, mais qui malgré tout rappelle la vision trans-humaine et australienne de Miller.Happy Feet
    Réalisé par George Miller
    Avec les voix d'Elijah Wood, Brittany Murphy, Hugh Jackman, Nicole Kidman, Hugo Weaving, Robin Williams
    Etats-Unis, 2006 - 1h48[Illustrations : © Warner Bros]
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