Toutes les critiques de Sing me a Song

Les critiques de Première

  1. Première
    par Christophe Narbonne

    Au début des années 2010, Thomas Balmès filmait dans Happiness l’apprentissage du petit Peyangki, placé dans un monastère par sa mère pauvre. En parallèle à la vie monastique, Peyankgi découvrait les joies procurées par l’installation de l’électricité dans son petit village retiré du Bhoutan. Qu’est-il devenu ? C’est la question posée par Sing me a song, où l’on retrouve Peyangki, aujourd’hui jeune adulte. Toujours moine, il possède désormais, comme tous ses camarades, un smartphone sur lequel il passe son temps à surfer, même en priant ! Amoureux d’une jeune chanteuse qu’il a découverte sur une application musicale, il s’interroge sur sa vocation. Thomas Balmès récidive : à l’instar d’un Robert Flaherty jadis, il filme le réel comme une fiction – difficile de faire la part entre les deux. On pense au récent Adolescentes dans cette façon de tordre la réalité pour en tirer un récit concret et palpitant par la grâce du montage et de moments volés – ou reconstitués, on ne sait pas trop – qui servent le discours de Balmès sur « l’occidentalisation » des esprits, la perte des valeurs et l’effacement progressif de la vie spirituelle. Un nouveau personnage fait son apparition : Ugyen, une jeune mère célibataire qui survit en chantant dans des concours miteux, contrechamp sordide à l’histoire de Peyangki. Leur rencontre, retardée au maximum, renforce la dramaturgie de ce docufiction édifiant – un peu trop – dont on se demande forcément à la fin s’il ne connaîtrapas un troisième épisode.