Toutes les critiques de Un conte de Noël

Les critiques de Première

  1. Première
    par Stéphanie Lamôme

    Après avoir réalisé La vie des morts pour fustiger sa famille, La sentinelle pour blâmer son pays et Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) pour stigmatiser ses fiancées, comme il l'a lui-même avoué, Arnaud Desplechin dit peut-être tout le mal qu'il pense de lui-même dans ce Conte de Noël bergmanien, à la fois cérébral et organique, sans doute son meilleur film. On pense à la tribu bancale, à la fois drôle et cruelle, de La Famille Tenenbaum, ou à celle des frères Whitman dans A bord du Darjeeling Limited. A mi-chemin entre la fable cruelle et le mythe, cette nouvelle histoire de rois et de reines en colère, d'une vacherie terriblement émouvante, fait tomber les têtes.

  2. Première
    par Julien Welter

    Une famille de déglingos se réunit pour les fêtes de Noël à la demande d’un des petits-enfants. Problème : la mère, Junon, est en attente de trouver un donneur compatible pour une greffe ; son fils aîné Henri est un donneur compatible mais il a été banni de la tribu par sa soeur ; ladite soeur est en pleine crise ; seul le benjamin semble heureux, pas pour longtemps. Dans une sorte de Famille Tenenbaum version Roubaix, Arnaud Desplechin déploie un style vif qui lance l’histoire sur des milliers de petits récits de vie. Autant d’apartés qui construisent une oeuvre riche sur la violence des sentiments au sein d’une famille.

Les critiques de la Presse

  1. Elle
    par Florence Ben Sadoun

    Lors des fêtes de Noël, tout le monde se retrouve exceptionnellement réuni dans la maison familiale, autour du sapin, avec des rancœurs d'enfance qui remontent, des conflits larvés qui n'attendront même pas la buche pour exploser cruellement. Tout est question de compatibilité, mais il est surtout question de cinéma dans ce conte qui remugle (je dirais remue) longtemps après qu'on l'a vu.

  2. Le JDD
    par Danielle Attali

    Voilà ce conte de Noël, cruel comme chez Grimm mais irrésistible. Arnaud Desplechin nous y convie comme à un spectacle. Il filme les toits de Roubaix, sa ville natale, comme si c'était New-York, avec une ampleur qui dit son affection. Dans la maison, en revanche, la farce tragique devient burlesque, drôle et impressionnante. Derrière les énormités que profèrent les personnages, s'écrit un scénario brillant et fin, où le romanesque le dispute au tragique et à la comédie.

  3. Paris Match
    par Alain Spira

    Armé d'aiguilles en acier trempé dans de l'amour et de l'humour, Arnaud Desplechin nous tricote une trame familiale sur laquelle les freudiens peuvent jouer du trampoline. Après Rois et reines, le cinéaste poursuit son investigation des rapports humains tendus comme des tambours de brousse. Car il s'agit bien d'une étude tribale à laquelle il se livre, dans la jungle de nos maisons de famille. Comme toute machinerie aux rouages complexes, le film nécessite un temps de chauffe avant de tourner à plein régime. Mais une fois la comédie dramatique lancée dans sa course fofolle, impossible de se soustraire à cet éberluant règlement de "conte" de Noël.

  4. Fluctuat

    Le nouveau film de arnaud desplechin ressemble beaucoup à un film de Desplechin, et on ne sait pas vraiment si c'est un bien. Avec son côté suranné parce que trop (bien) écrit, son aspect (trop) français parce que bavard et centré sur des secrets de famille, on retrouve comme souvent chez lui les thèmes de la descendance, du fils et de l'héritage. - Exprimez-vous sur le forum cinéma Junon (Catherine Deneuve) est atteinte d'une leucémie. Une greffe de moelle, donnée par un de ses descendants, est la seule manière de la sauver. Ceux-ci se retrouvent pour Noël, seul moment de l'année où cette famille dysfonctionnelle, irriguée par de vieilles haines et un traumatisme originel, peut se rassembler. Ce Conte de Noël qui réunit une sacrée brochette de comédiens (Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Melvil Poupaud, Hyppolyte Girardot...etc) reste donc dans la lignée.On peut s'agacer de cette répétition symbolisée par la présence d'un certain Paul Dédalus, déjà croisé sous les traits d'mathieu amalric dans Comment je me suis disputé... . Un nom qui dit beaucoup de ce cinéma tortueux, pas toujours modeste, dans lequel il est aisé de se perdre. Chaque personnage paraît d'ailleurs avoir été créé indépendamment des autres et constituer une entité autonome qui accentue la froideur de ce Conte de Noël. Pourtant, à force d'empiler une couche sur une couche sur une couche..., voilà que la tonalité change de façon inattendue et que l'émotion surgit à l'improviste. Desplechin parvient à obtenir des moments de grâce étonnants par cette sorte d'empilement de strates complexes. Et s'il y a des longueurs, elles sont plutôt concentrées au début ; le temps que s'installe une histoire dense, paradoxalement pleine de non-dits.Enfin, il y a surtout une violence verbale assez inouïe bien que totalement dépassionnée. En effet, des parents qui n'aiment pas leur progéniture et leur disent, c'est assez rare et ça donne l'occasion à Mathieu Amalric de composer l'un des plus beaux et touchants salopards que l'on ait vu depuis longtemps... à moins que ce ne soit les autres, les salauds. Un personnage vraiment jouissif tant il ose et se permet d'en mettre plein la gueule à sa famille, de prononcer des mots absolument tabous à l'encontre de ses géniteurs. Ne serait-ce que pour lui, le nouveau Desplechin vaut le déplacement.Un Conte de NoëlDe Arnaud DesplechinAvec Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Mathieu Amalric, Melvil Poupaud, Hyppolite GirardotSortie en salles le 21 mai 2008  - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils festival de cannes, sélection officielle, réalisateur sur le blog cinéma- Lire les critiques de Rois et reine, En jouant , Esther Kahn

  5. Pariscope
    par Arno Gaillard

    En compétition à Cannes, ce nouveau film d’Arnaud Desplechin pourra sans doute séduire un large public et le président du jury Sean Penn. Il possède pour cela des jokers dans son jeu, son énergie et sa lumière. Ce conte de Noël au cœur du printemps cannois est une belle surprise. « Vertigo » n’est pas loin, Desplechin au détour d’une séquence rend un bel hommage au chef d’œuvre d’ Hitchcock. Saluons aussi tous les acteurs de cette famille compliquée mais souvent drôle. Catherine Deneuve et Mathieu Amalric en mère et fils qui ne s’aiment pas, sont magnifiques dans ce joyeux Noël tourmenté.