La cité des enfants perdus : Le génie technique tient debout, et le charme agit toujours [critique]
StudioCanal

Le film de Caro-Jeunet reviendra ce soir sur France 5, dans une belle version restaurée.

En 1995, Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro refaisaient équipe, trois ans après le succès de Delicatessen, pour un conte fantastique original intitulé La Cité des enfants perdus. Une oeuvre qui a marqué son époque, et qui est ressortie récemment en version restaurée. L'occasion de publier une nouvelle critique, que nous partageons aujourd'hui pour patienter jusqu'à la rediffusion du film, à 21h sur France 5.

Caro et Jeunet présentent La Cité des enfants perdus dans Première (Classics n°23)

L’ultime projet de Caro et Jeunet n’a donc pas vieilli comme un mauvais Beineix. Le génie technique tient debout, et le charme agit toujours…

À peine quelques mois après Luc Besson et son Léon, Caro et Jeunet filmaient eux aussi une histoire d’amitié ambiguë entre un colosse taiseux et une gamine pour la glisser dans l’enveloppe d’un « blockbuster made in France » – c’était un concept industriel qui avait alors le vent en poupe. Coup sur coup, ces deux films ont d’ailleurs impressionné très fort de l’autre côté de l’Atlantique, si fort même qu’ils y sont devenus les classiques qu’ils ne seront probablement jamais ici. Que ce monde est cruel.

Retomber en 2023 sur La Cité des enfants perdus dans cette nouvelle copie 4K parfois impressionnante, souvent discutable, laisse effectivement apercevoir la trace considérable qu’a laissée cette folie steampunk bouillonnante d’idées dans le cinéma de science-fiction américain de l’époque. On y voit des pans entiers de Dark City (Proyas était réellement à deux doigts du plagiat), donc de Matrix (le héros, joué par Ron Perlman, s’appelle One mais aurait pu s’appeler Neo). Par ailleurs, l’une des idées les plus formidablement sadiques du film (le regretté François Hadji-Lazaro connecte son nerf optique dans le cerveau d’une de ses victimes pour l’obliger à se regarder mourir) a été reprise telle quelle dans le Strange Days de Kathryn Bigelow.

Avec la modestie qui l’a toujours caractérisé, Jean-Pierre Jeunet affirme dans un bonus très rigolo que le génie des effets spéciaux, Phil Tippett (dont le Mad God vient de sortir), exige de tous ces disciples qu’ils aient vu au moins une fois dans leur vie La Cité… avant de venir travailler à ses côtés. Et le pire c’est que c’est probablement vrai. 


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